Mali : ma réflexion sur le Premier ministre M. Moussa Mara

25 juin 2014

Mali : ma réflexion sur le Premier ministre M. Moussa Mara

De l’achat du nouvel avion présidentiel, en passant par la nomination de M. Moussa Mara à la tête de la primature et les récents événements de Kidal, voici ma part de réflexion.

Le PM Moussa Mara, crédit photo: maliweb.net
Le PM Moussa Mara, crédit photo: maliweb.net

La nomination de M. Moussa Mara à la tête de la primature

Ce soir là, il fallait être un adepte des réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter pour pouvoir contempler l’euphorie suscitée chez les Maliens après la nomination de M. Moussa Mara à la tete du gouvernement du Mali. Il faut également reconnaître que la logique politique aurait voulu un chef du gouvernement issu du parti présidentiel qui est le RPM (Rassemblement Pour le Mali), car M. Moussa Mara est le président du parti Yelema et avec un seul député à l’Assemblée Nationale. Malgré cette incohérence politique, la jeunesse malienne, y compris par ma modeste personne, fut enchantée de la désignation de ce jeune expert comptable comme Premier ministre, qui n’est d’ailleurs plus a présenté sur la scène politique. Ancien maire de la commune IV de Bamako, c’est ce natif de la capitale malienne qui avait mis en ballottage lors des législatives de 2004 l’actuel président M. IBK.

Premier constat : loyauté au président de la République

Tout juste après sa nomination au poste de Premier ministre, nous avons été ébahis par les propos M. Moussa Mara, qui demanda à plusieurs reprises « loyauté au président de la République » et non au pays ou à l’Etat. A mon humble avis, les membres du gouvernement doivent d’abord être loyaux à la nation et cela malgré qu’ils soient au service du président de la République. Je me disais également que le Premier ministre voulait mettre en œuvre des mesures de sincérité et d’honnêteté pour bien servir le pays et le président.

Deuxième constat : la déclaration de guerre

Après la visite ensanglantée et mouvementée du chef du gouvernement à Kidal le 17 mai 2014, M. Moussa Mara avait laissé entendre que : « le Mali est en guerre contre les groupes terroristes et leurs acolytes ». Pour rappel, la délégation gouvernementale avait été attaquée au gouvernorat de Kidal par les groupes armés et terroristes faisant plusieurs morts et blessés. Le chef de file de l’opposition malienne, à savoir M. Soumaila Cissé sur Rfi (Invité Afrique) affirmait, je cite : « Il a manqué de lucidité. On ne déclare pas la guerre à Gao de façon inconstitutionnelle (…) De façon constitutionnelle, le Premier ministre ne peut pas déclarer la guerre. »

Que dit la Constitution à propos de la déclaration de guerre ?

Elle stipule en son article 71 : que la déclaration de guerre est autorisée par l’assemblée nationale réunie spécialement à cet effet. Le président de la République en informe la Nation par un message.

La guerre elle-même étant définie par le dictionnaire comme un conflit armé entre Etats, pays clans… La Constitution n’ayant pas défini la guerre, il revient alors aux constitutionnalistes de nous édifier sur celle-ci.

Troisième constat : L’avion sans papier

Lors de sa déclaration de politique générale devant les élus de la nation, le chef du gouvernement a dit ne pas détenir un seul document qui prouve que l’ancien avion d’ATT est la propriété de l’Etat du Mali. C’était sans compté sur le jeune ingénieur aéronautique Tji Diarra et sur le journal d’investigation Le sphinx. Si le premier s’est arrêté avec une sortie médiatique sur les réseaux sociaux en affirmant que l’ancien avion présidentiel est bel et bien la propriété de l’Etat du Mali, et qu’il était revenu au Mali au mois de février 2012 après avoir passé sept mois à Miami pour une remise à neuf. Le second lui a emboîté le pas en amenant des preuves matérielles : un contrat de vente et d’achat d’aéronef entre Jetline International comme vendeur et l’Etat du Mali comme acheteur avec un certificat de livraison et d’acceptation.
On peut également comprendre que le Premier ministre Moussa Mara ne pouvait se dérober de la question relative à l’achat du nouvel avion présidentiel, car l’Etat étant une continuité. Du haut des ses dizaines d’années d’expérience en tant que expert comptable, c’est difficilement inimaginable que le Premier ministre n’ait pas demandé un audit sur l’acquisition de l’ancien avion acheté sous le régime ATT. Tout laisse à croire qu’on lui a dit que l’ancien avion présidentiel était sans papier mais par qui ?

Il n’est pas un seul car le président IBK dans le Jeune Afrique du 22 mai 2014, avait affirmé concernant la disponibilité de l’avion acquis le régime ATT : « Disponible peut-être, mais hors d’état de voler. Ce 727 a en effet été obtenu dans des conditions d’opacité telles que nous ne disposons d’aucun document ni d’aucune facture le concernant : il semble qu’il aurait transité par la Libye. »
Donc le Premier ministre ne serait pas le seul à donner des informations erronées à la population malienne !

Quatrième constat : l’Etat du Mali, le balayeur balayé

Le président de la République du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keita, dans une ses allocutions au début de son mandait avait laissé entendre que « l’année 2014 serait placée sous le signe de la lutte contre la corruption. » L’état du Mali dans sa lutte contre la corruption, à contre-courant vient d’être épinglé par les institutions de Bretton Woods, particulièrement le FMI (Fonds Monétaire International). En représailles de l’opacité de l’acquisition du nouvel avion présidentiel et des contrats passés sans appel d’offres entre le gouvernement et des sociétés privées, le FMI a décidé de geler pour le compte du mois de juin le décaissement de ses fonds pour le Mali jusqu’au mois de septembre de 2014. Pis, le décaissement pour le mois de septembre prochain est conditionné à un audit préalable par les équipes du FMI d’après l’AFP (Agence France Presse) du 19 juin 2014.
D’apres Tiken Jah Fakoly, c’est le balayeur balayé.

Il ne faudra pas être expert en économie pour savoir qu’il était inopportun dans le temps, la forme et même la manière de l’acquisition de ce nouvel avion présidentiel. Notre pays sort d’une crise sociopolitique sans précédente, les caisses sont vides, l’Etat malien était est toujours sous perfusion internationale.

Conclusion

Cher M. Moussa Mara, Premier ministre et chef du gouvernement du Mali, l’appréciation d’un œil extérieur est souvent nécessaire dans le but d’une réflexion saine et objective. N’étant pas membre du parti Yelema qui est le vôtre, ni d’aucun parti d’ailleurs, je me suis donné une obligation de dresser une petite réflexion objective couronner par mes modestes propositions.

En corollaire, je vous prie de tenir compte des points esquissés ci-dessus, notamment dans le deuxième et troisième constat. S’il s’avère qu’il y a eu des écarts involontaires ou volontaires dans votre conduite de fonction, je pense tout humblement qu’il sera mieux de présenter vos excuses à vos partisans et à la population malienne.
M. Moussa Mara, vous êtes arrivé à la tête de ce gouvernement politiquement clean, et il faudra ressortir comme vous êtes arrivé tout clean également.
Vous devriez vous souciez de votre avenir politique, car il sera trop tôt et de le laisser étancher par quoi que ce soit.
M. le Premier ministre, qui est-ce politique malien pendant ces deux dernières décennies qui n’a pas délibérément ou spontanément dire des propos fallacieux ? Reconnaître son erreur c’est également une grandeur, c’est aussi être un homme.

Vos critiques et suggestions sont les bienvenues.

Une contribution de Issa Balla Moussa Sangaré

Washington DC, le 25-06-2014

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Commentaires

Mohamed L Maiga
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Merci pr cette contribution Issa. Je dois egalement reconnaitre que les remarques du grand Frere Mamadou Diallo ne font qu'etayer une triste realitE qui ruine les fondements de notre nation, Helas! Pr ma part je pense que le PM Moussa Mara s'est lancE sur un terrain glissant en ce sens qu'il s'expose dans un systeme qui se veut contraire aux valeurs fondamentales de notre nation. Un modele de gestion etabli et nourrit par l'occident pr entretenir leur politique economique imperiale qui consiste a piller nos richesses a leur guise. Et pr ce faire l'occident veille a limiter l'acces a ce cercle viscieux qu'aux elus corrompus qui correspondent parfaitement a leur criteres. Aux parcours deja souillEs, ces individus de peu de vertu sont entierement sous la maitrise de leur alliEs occidentaux. Et cela est une extravagante demesure lorsqu'un Mara ose s'accomoder dans le jeu pervers de ce cercle mafieux.

Jusque la, il n'y a rien qui puisse le remettre en question mais le malien ne peut plus s'offrir le luxe de vouer une confiance aveugle a quiconque et meme pas a Moussa Mara. Tout laisse croire qu'IBK ait fait recours a Mara pr le sauver de son impasse et que ce dernier lui prete allegeance au prix de son integritE politique. IBK comme la grande majoritE de nos leaders politique n'ayant aucun program d developement n'avait pas d'autres option que de s'appitoyer sur Mara pour non seulement tenir bloc face a une opposition feroce , bien determinEe et qui serait pret a tout pr le pouvoir, mais aussi pr beneficier de son image charismatique qui inspirait confiance au Malien lambda. Si Mara a son tour pense bien faire en soutenant le President Malien ds un silence malsaint ou en dissimulant les faits compromettants la credibilitE des plus hautes autoritEs de l'etat, besoin est de signaler que sa carriere politique est cependant a son tour mise en jeu. Tot ou tard le Mali va finir par affronter la realitE en face, le peuple va devoir se lever pr dire k'il en a assez et quand ce moment de veritE arrivera, rien d'autres ne va compter, seul les faits de l'histoire peuvent rattraper. Un etat fort se construit dans la justice et ds la transparence, period. Si notre President a fait des vagues tant mieu qu'il le reconnaisse et accorde a la population le respect k 'il merite en le tenant avisE.
A quoi servirait une image bien soignE lorsque la confiance n'est plus? Moi j'ai toujours gardE un oeil particulier sur Moussa Mara qui pr moi serait l'un des rares espoirs pr le Mali de Demain, et je porte encore ce meme regards sur lui malgrE les evenements recents. Il est claire qu'a l'internationnal le Mali se voit isolE et subit une forte pression pr adherer a une cause contre notre interet. L'accord de defense millitaire et le federalisme ou la decentralisation voila la destination, c'est bien connu de tous. Mais ce que nos leaders doivent comprendre maintenant plus que jamais, c'est qu'aucun etat n'est suffisamment fort tant qu'il n'a pas sa population derriere lui. Et pour cela il faut qu'ils nous impliquent davantage, qu'ils s'appliquent mieux dans leur campagnes mediatique et qu'ils surmontent leur egos en etalant tte la veritE et apres laisser le peuple se decider. A l'heure actuelle la situation depasse la modeste personne ou carriere individuelle, c'est le future de tout un pays qui se joue.

Ce n'est certainement pas en se voilant la face que nos peres nous ont decrochE notre independance, mais c'est en affrontant l'enemi avec les armes k'ils detenaient : leur veritE. Ils ont su eveiller leur peuple et renoncer aux faveurs de l'occident qui n'en etaient rien en realitE, seulement des apats pr les avoirs dans leur filets. Difficile de croire que nos actuels dirigeants sont aussi credules au point d n pouvoir s'en defaire.

Le peuple est aveugle mais le peuple sait ce qu'il veut le plus : l'honneur et la dignitE.

Tres respectueusement

M. Diallo
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Issa,
Cet article est formidable.

Quant a M. Moussa Mara, il me semble qu'il a deja fait un choix quant a la voix a suivre.
Moi je penses qu'il est simplement un autre opportuniste sur la scene politique malienne, une deception qui en realite ne me surprend pas de la part de ce regroupement de jeunes politiciens.

Au fait pourquoi le Mali va d'une deception a une autre et cela dirigeants apres dirigeants?.....tres facile a comprendre avec un minimum d'analyse de la societe actuelle, une societe qui a subi une mutation desatreuse qui l'a amene a s'ecarter des valeures essentielles qui soutenaient nos communautes encestrales, a savoire le sens de l'honneure, de la dignite et de l'integrite individuel.

Presentement, les mentalites au Mali veulent que l'individu saisisse un poste de responsabilite comme une opportunite lui permetant de batire pour sa propre personne un avenir financier consequent, et si il ne fait pas autant, il est par la suite juge de personne maudite par ce meme peuple qui souffre des consequences de gestion desastreuse de l'etat. Va donc savoir comment reconcilier ces mentalites du peuple avec les principes connus de la bonne gouvernance, personelement je ne vois pas comment y arriver.

De nos jours les pilleurs de l'etat sont acclames et apprecies comme des exemples a suivre par les victimes de leur pillages en question. Les vols et detournements de biens publiques sont desormais vus comme des actions a ne pas blamer du moment ou tout le monde s'attend a faire la meme chose si l'opportunite se presentait. L'honete et l'integrite ne sont plus appreciees a leur juste valeures d'entant helas, ces valeures sont au contraire percues comme malediction et stupidite.

Il va sans dire que nos hommes politiques et responsables de la fonction publiques sont choisis de parmis le peuple qui trouve que leurs actes de pillage sont sous enttendu tolerables, devons nous nous attendre a des comportements autre que de l'opportunisme a visage decouvert sans gene ou indignation comme nous le montre l'actuel president et son entourage.

Peace my brother!!!