7 juillet 2014

L’opposition Malienne

« Les partis politiques se sont mis à plat ventre devant un seul homme » nous disait vers la fin du régime du général d’ATT, Daniel Tessougué l’actuel procureur général près de la Cour d’Appel de Bamako. Il faut également reconnaitre que nos politiques de ces deux dernières décennies ont failli à presque tous les niveaux. Y inclus ma modeste personne, la classe politique malienne vers la fin du mandat d’ATT, avait été traitée par les tous maux d’Israël singulièrement par la société civile. Cela peut s’expliquer par beaucoup de choses : la gabegie qui, avait atteint son summum, la délinquance financière avait également touché son paroxysme avec des fonctionnaires milliardaires, l’école qui formait tout sauf des intellectuels, des chômeurs en puissance, une armée non républicaine et politisée etc. Par ailleurs, Il faut aussi souligner que ces maux esquissés ci-haut ne peuvent pas exclusivement être au débit de nos politiques, la societe civile à sa part de responsabilité dedans car, la classe politique et la société civile vont de pair.

Modibo Sidibe (FARE) et Soumaila Cisse (URD), credit: maliweb.net
Modibo Sidibe (FARE) et Soumaila Cisse (URD), credit: maliweb.net

Une Opposition constructive, républicaine et démocratique

Au lendemain de l’élection présidentielle de septembre 2013, M. Soumaila Cissé de l’URD (Union pour la République et la Démocratie), candidat malheureux au second tour avait laissé entendre que son parti n’entrera pas au gouvernement. Il a clairement dit qu’il ira dans l’opposition. Il a été suivi par M. Tiebilé Dramé du PARENA (Parti pour la Renaissance Nationale) et de M. Modibo Sidibé du FARE Aw Ka Wuli (Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence). Après tout, si ces hommes politiques décident d’aller dans l’opposition, à mon humble avis ils méritent ce crédit. Nous, la société civile, leurs doit ce crédit dans le but d’équilibrer leurs bilans individuels ou consolidés. Cette opposition, se veut constructive, républicaine et démocratique. Pendant les 10 ans du régime d’ATT, c’était la démocratie consensuelle sans opposition, et cet acte est resté à travers la gorge de la population malienne qui, leur rend responsables de la chute de notre Etat, le Pr Seydou Badian Kouyaté nous disait : « Le Mali est tombé plus bas que la terre». Maintenant, si ces mêmes politiques décident de se mettre debout au lieu de se mettre à plat ventre comme un seul homme, un contre-pouvoir et d’aller dans l’opposition, je trouve personnellement cela comme un acte à apprécier pour la consolidation des acquis de notre jeune démocratie, ils méritent ce crédit cette opposition Malienne.

La motion de censure

La constitution de février 1992 de la République du Mali, stipule à son l’article 78, alinéa 2 : l’Assemblée Nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de censure. L’article de 79 de la même constitution dit : Lorsque l’Assemblée Nationale adopte une motion de censure ou lorsqu’elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du Gouvernement.
Nous les observateurs, on trouve qu’il y a eu une précocité dans le dépôt de cette motion de censure. Les raisons pour solidifier la motion de censure était : la cherté de la vie, l’insécurité grandissante dans Bamako et les autres régions, la mauvaise gouvernance, la mauvaise gestion des finances publiques, la lenteur pour une sortie de crise pour le problème septentrional etc.
Il est évident que l’Etat est une continuité, qu’en est-il d’un Premier Ministre et son équipe gouvernementale ? Du 5 avril 2014, la date de la nomination M. Moussa Mara à la tête de la primature au 13 juin 2014 date du dépôt de la motion de censure, on s’interroge si l’opposition Malienne n’a pas été un peu hâtive dans le dépôt de cette motion de censure. Hâtive en ce sens qu’on ne peut pas, en un seul trimestre, mettre tous les problèmes que la nation Malienne fait face dans le débit du Premier Ministre et son gouvernement. N’oublions pas que le pays sort à peine d’une crise institutionnelle, sociopolitique sans précédente et le tissu social était complètement déchiré.
Certes, il est évident qu’en trois mois le Premier Ministre et son gouvernement pouvaient faire mieux, mais dressé un bilan définitif en un trimestre est un peu précoce. Prenons l’entreprise comme une métaphore, et dans la vie d’une entreprise, on établit des bilans trimestriels, semestriels pour connaitre le fonctionnement de la boite et prendre des mesures appropriés au fur et mesure. Le bilan définitif n’est établit qu’après un exercice fiscal qui est une année. En un trimestre, M. Moussa Mara et son gouvernement ne peuvent pas être tenus responsable de tous les maux qui minent notre société, donnons le temps au temps.

L’accord de défense

On constate que l’opposition Malienne prend le soin de passer sous silence, pour ne pas dire d’éviter de donner son point de vue sur la signature imminente de l’accord de défense entre la France et le Mali. Le Collectif Pour le Changement (CPC), l’ancien premier ministre Ag Hamani et beaucoup d’autres personnalités, partis politiques et associations ont tous fait connaitre à l’opinion nationale et internationale ce qu’ils pensent de cette signature d’accord de défense entre la France et le Mali. Qu’en est-il de l’opposition républicaine Malienne ? On pense qu’il est temps qu’ils sortent de leur mutisme à propos cet accord, qu’ils nous fassent savoir si le draft de cet accord doit passer devant les élus de la nation pour un débat parlementaire avant qu’il ne soit paraphé par les deux parties ? Enfin qu’ils nous disent s’ils sont pour ou contre ?

Une contribution de
Issa Balla Moussa Sangaré
Washington DC, 07-07-2014

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