Mali-MINUSMA: Devoir de réaction

2 juin 2014

Mali-MINUSMA: Devoir de réaction

Minusma; crédit photo: Facebook
Minusma; crédit photo: Facebook

Je m’inscris en faux contre la réaction de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) au sujet des photos circulant sur les réseaux (lire annexe I).

En effet, depuis un certain un temps circule sur les réseaux sociaux des photos exhibant d’une part des combattants du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) avec les casques bleus, et d’autre part des enfants touaregs avec le drapeau de la République chimérique de l’Azawad en train de poser avec les soldats de la Minusma et au déplaisir de la population malienne et singulièrement des internautes maliens.

Casques-bleus, drapeau d'Azawad, Crédit: Facebook
Casques-bleus, drapeau de l’Azawad, Crédit: Facebook

En corollaire, le peuple malien tous azimuts attendait de la Minusma un démenti ou une confirmation de l’originalité des clichés. Pis, en cas de confirmation on aurait voulu l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités, et que les protagonistes soient au moins rappelés à l’ordre face aux manquements dans leur mission.

En lieu et place d’un démenti ou d’une confirmation, la Minusma se permet de publier sur sa page Facebook un bref communiqué tout en désapprouvant toute photo fabriquant l’impression d’un quelconque appui de l’Organisation des Nations unies à l’Azawad. Pire, dans sa réaction, elle atteste je cite : « … Actuellement, la Minusma protège les soldats des Fama (Forces armées maliennes) dans les différentes régions du pays… »  Fin de citation. Après la lecture de ce paragraphe, je n’ai pu m’empêcher de relire le mandat de la Minusma.

Je n’ai constaté nulle part un seul point statuant d’une quelconque protection des Fama par la Minusma; et à ma connaissance aucune révision du mandat de la Minusma n’a été opérée jusqu’à l’heure où j’écris ces quelques lignes pour assurer la protection de nos Fama. Le 20 mai dernier à New York, au siège des Nations unies le ministre malien des Affaires étrangères M. Abdoulaye  Diop a demandé aux Nations unies un mandat beaucoup plus robuste, à même de faire face aux menaces sur le terrain, et le désarmement de tous les groupes armés, singulièrement du MNLA.

En outre, le peuple malien dans sa grande majorité aurait aimé voir cette soi-disant protection de la Minusma à Kidal entre le 17 et 21 mai. Oh que oui ! on aurait aimé voir cette protection pour sauver la vie de nos civiles, de nos préfets et sous-préfets et même de nos militaires. Et à ma grande surprise, j’apprends que la Minusma protège les soldats des Fama dans les différentes régions du pays. Les Fama n’ont jamais officiellement demandé une quelconque protection. A ma connaissance, ils ont toujours fait appel à la coopération avec les soldats de la Minusma,  à un appui aérien, à des échanges de renseignements, etc. dans le but combattre et de déloger les rebelles du MNLA avec leurs acolytes djihadistes et narcotrafiquants dans le septentrion du Mali.

Ceci dit, même après ces événements nous reconnaissons et restons redevables à la Minusma et tous nos partenaires pour tout ce qu’ils ont fait pour le Mali et ses citoyens depuis le début de cette crise sociopolitique.

crédit photo: Facebook
Crédit photo: Facebook

Le Mali a perdu une bataille, mais le Mali n’a pas perdu la guerre

Nos Forces armées sont tombées, mais  se relèveront. Il faut reconnaître que dans la guerre contre les djihadistes, nos pays africains (Afrique noire) sont en déphasage. Nous sommes témoin du cas du Nigeria une puissance en Afrique avec plus de 20 millions de personnes disponibles au service militaire, mais qui peine à se défaire des intégristes du Boko Haram. Au Niger il y a une année, il fallut l’intervention de l’aviation française pour tuer quatre djihadistes qui avaient pris le contrôle d’un camp militaire. En Somalie, presque dix ans les forces armées des pays africains ne parviennent pas à mettre fin à la présence des intégristes. Au Kenya en septembre 2013, un commando de cinq personnes avait le pris le contrôle de West Gate Mall pendant cinq jours durant. Dans les coulisses on dit que les agents secrets israéliens étaient sur place pour aider l’armée kényane à reprendre le contrôle du centre commercial.

Alors où est donc le ridicule qui doit tuer les Forces armées maliennes ?

« Nos Descendants ont des droits sur nous »

Washington DC, le 02-06-2014

Issa Balla Moussa Sangaré

 

Annexe I : RÉACTION DE LA MINUSMA AU SUJET DE PHOTOS CIRCULANT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

 Bamako, 2 juin 2014 – la Minusma désapprouve toute photo fabriquant l’impression d’un quelconque appui de l’Organisation des Nations unies à l’ « Azawad ».

Toute allégation dans ce sens est infondée et absurde.

La Minusma tient à réaffirmer qu’elle défend le principe de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale du Mali. Actuellement, la Minusma protège les soldats des Fama dans les différentes  régions du pays ;  soutient le cessez-le-feu et organise des patrouilles à Ber afin de protéger les différentes communautés vulnérables.

Le Conseil de sécurité à l’unanimité de tous ses membres a réitéré le respect de l’intégrité territoriale du pays le 28 mai 20

Annexe II : Mandat de la Mission

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, le Conseil de sécurité, par sa résolution 2100 du 25 avril 2013, a décidé d’autoriser la Minusma à prendre toutes les mesures requises pour s’acquitter du mandat qui lui a été confié.

a. Stabilisation de la situation dans les principales agglomérations et contribution au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays

  1. Pour appuyer les autorités de transitions maliennes, stabiliser la situation dans les principales agglomérations, en particulier dans le nord du pays, et, dans ce contexte, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones;
  2. Aider les autorités de transition maliennes à étendre et rétablir l’administration de l’État dans tout le pays;
  3. Accompagner les efforts nationaux et internationaux visant à rebâtir le secteur de la sécurité malien, en particulier la police et la gendarmerie, grâce à une aide technique, au renforcement des capacités et à des programmes de partage de locaux et de mentorat, ainsi que les secteurs de l’état de droit et de la justice, dans les limites de ses capacités et en étroite coordination avec les autres partenaires bilatéraux, donateurs et organismes internationaux menant des activités dans ces domaines, y compris l’Union européenne;
  4. Aider les autorités de transition maliennes, par des activités de formation et d’autres formes d’appui, à mener la lutte antimines et à gérer les armes et munitions;
  5. Aider les autorités de transition maliennes à arrêter et exécuter des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex-combattants et de démantèlement des milices et des groupes d’autodéfense, conformément aux objectifs de réconciliation et compte tenu des besoins propres aux enfants démobilisés;

b. Contribution à l’application de la feuille de route pour la transition, y compris le dialogue national et le processus électoral

  1. Aider les autorités de transition maliennes à appliquer rapidement la feuille de route pour la transition en vue du plein rétablissement au Mali de l’ordre constitutionnel, de la démocratie et de l’unité nationale;
  2. User de ses bons offices et de mesures de confiance et d’encouragement aux niveaux national et local, y compris par l’entremise de partenaires locaux, selon qu’il conviendra, pour prévoir, prévenir, atténuer et régler tout conflit;
  3. Aider les autorités de transition maliennes et les populations du nord du pays à faciliter tous progrès dans le sens d’un dialogue national sans exclusive et l’entreprise de réconciliation, en particulier le processus de négociation visé au paragraphe 4, y compris en renforçant les capacités de négociation et en favorisant la participation de la société civile, dont les associations féminines;
  4. Concourir à l’organisation et à la conduite d’élections présidentielle et législatives transparentes, régulières, libres et ouvertes à tous, en apportant notamment l’aide logistique et technique voulue et en mettant en place des mesures de sécurité efficaces;

c. Protection des civils et du personnel des Nations unies

  1. Assurer, sans préjudice de la responsabilité des autorités de transition maliennes, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement;
  2. Assurer une protection particulière aux femmes et aux enfants touchés par le conflit armé, notamment en déployant des conseillers pour la protection des enfants et des conseillers pour la protection des femmes, et répondre aux besoins des victimes de violences sexuelles et sexistes liés au conflit;
  3. Protéger le personnel, les installations et le matériel des Nations unies et assurer la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations unies et des agents qui y sont associés;

d. Promotion et défense des droits de l’homme

  1. Surveiller toutes atteintes ou violations concernant les droits de l’homme ou violations du droit international humanitaire commises sur toute l’étendue du pays, concourir aux enquêtes et faire rapport à ce sujet, et aux actions de prévention de ces atteintes et violations;
  2. Soutenir, en particulier, le déploiement intégral des observateurs des droits de l’homme de la Minusma dans tout le pays;
  3. Surveiller particulièrement les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits commises contre des enfants ainsi que les violations visant des femmes, y compris toutes formes de violences sexuelles liées au conflit armé, aider à enquêter à leur sujet, et lui en rendre compte;
  4. Aider les autorités de transition maliennes dans leur entreprise de promotion et de défense des droits de l’homme;

e. Soutien de l’action humanitaire

  • En appui aux autorités de transition maliennes, contribuer à mettre en place les conditions de sécurité indispensables à l’acheminement sûr de l’aide humanitaire sous la direction de civils, conformément aux principes humanitaires, et au retour librement consenti des déplacés et des réfugiés, en coordination étroite avec les acteurs humanitaires;

f. Appui à la sauvegarde du patrimoine culturel

  • Aider les autorités de transition maliennes, en tant que de besoin et, si possible, à protéger les sites culturels et historiques du pays contre toutes attaques, en collaboration avec l’Unesco;

g. Action en faveur de la justice nationale et internationale

  • Concourir, en tant que de besoin, si possible, et sans préjudice des responsabilités des autorités de transition maliennes, à l’action que celles-ci mènent en vue d’arrêter et de traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Mali, compte tenu du fait que ces autorités ont saisi la Cour pénale internationale de la situation dans leur pays;

 

 

 

 

 

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Commentaires

Issa Sangare
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https://www.malijet.com/actualte_dans_les_regions_du_mali/rebellion_au_nord_du_mali/104461-7-militaires-burkinabe-de-la-minusma-rapatries-pour-avoir-pris-u.html

Emrys
Répondre

Il faut vraiment dire que vous êtes bien inspiré

Issa Balla Moussa Sangare
Répondre

Merci pour les mots!