Oui, Lionel Zinsou, ce Blanc-noir n’a pas tort. L’Afrique n’appartient pas aux africains….
En 2011, Lors d’un séminaire de l’UMP (Union pour un Mouvement Populaire), l’actuel parti républicain de la France, un Blanc-noir qui n’est rien d’autre que l’actuel Premier Ministre et très probablement le futur Président du Bénin, a laissé entendre devant un auditoire composé majoritairement de Blancs-blancs que : « l’Afrique n’appartient pas aux africains. » La vidéo a fait le tour du monde via les réseaux sociaux, et sans surprise un tollé de réactions et d’indignations de la part de mes congénères africains à travers le monde.

Contrairement à la majorité des mes frères, avec un esprit critique et objectif, je pense que ce Blanc-noir ou africain européanisé, comme le disait Amadou Hampâté Bah dans son livre ‘ Amkoullel l’enfant peul’, n’a pas tort. Selon Hampâté Bah, pendant la colonisation les Toubabs étaient appelés ‘Blancs-blancs’ et leurs acolytes, auxiliaires, subalternes indigènes… étaient surnommés ‘Blancs-noirs’. Et il faut le souligner, ces Blancs-noirs étaient davantage royalistes que les rois mêmes.
Sortons du cadre subjectif, ne soyons pas des intellectuels révisionnistes, analysons objectivement ses propos:
Ce Blanc-noir nous dit dans son exposé : « Mais il y a quelque chose de plus important, c’est que l’Afrique appartient à l’Europe. Elle n’appartient pas à la Chine ou à l’Inde. Et, chose un tout petit peu plus préoccupante, elle n’appartient pas encore aux Africains. » A-t-il menti? Non.
Effectivement l’Afrique appartient à l’Europe et cela bien avant la conférence de Berlin de 1884, par conséquent, l’issue de cette conférence entérina et officialisa la colonisation en morcelant la mère des terres comme un gâteau de cérémonie entre les pays européens: Portugal, Allemagne, Angleterre, France pour citer que ceux-ci. C’est vrai il y a eu l’année de 1960 qui avait été dénommée l’année de l’Afrique avec les indépendances des nouveaux Etats africains, mais après seulement une décennie, les coups d’états militaires par-ci et l’assassinat de nos pères fondateurs par-là, ces jeunes états indépendants, comme un effet domino, sont tombés sous le joug du néocolonialisme et de l’impérialisme. Dr Kwame Krumah nous disait que: « le néocolonialisme est le fait de gérer un pays indirectement » et c’est exactement ce qui se passe en Afrique. Il faut avoir le courage de le dire, de nos jours, nos micros Etats sont gérés par les pays du Nord sous la surveillance des institutions financières de Bretton Woods pour ne pas paraphraser Mamadou Dia qui, disait dans son allocution qu’il envoya lors de l’inauguration du mémorial Modibo Keita en 1999 : « Cette Afrique des marchés d’esclaves que se partage les multinationales sous la direction vigilante du FMI et de la Banque Mondiale, cette Afrique des élections préfabriquées et des caricatures de démocratie, ce n’est pas l’Afrique de Modibo Keïta»
Ce Blanc-noir nous dit : « En Afrique, qui possède les mines ? Qui possède le pétrole, les produits agricoles, l’immobilier ? C’est l’Europe » Mais c’est vrai.
Qu’est ce qui nous appartient en Afrique nous africains ? Les ressources minières sont presque toutes exploitées par les sociétés européennes, nos moyens de communications des satellites à la téléphonie, tous appartiennent en majorité aux compagnies européennes. Ce sont les banques européennes ou leurs succursales qui sont considérées comme les plus crédibles en Afrique : BPN Paribas, Barclays, City Bank, Société Générale… Qui assure l’extraction et l’exploitation du pétrole en Afrique? Les entreprises européennes : Shell, Mobil, BP, Total… Même le contrôle de nos médias nous échappe, quelles sont les chaines de télévisions et radiophoniques plus fiables, écoutées et suivies sur le continent noir ? C’est celles des européennes: Canal+, Rfi, France24, BBC, TF1… Quelles sont les marques des moyens de transport que nous utilisons en Afrique ? Elles sont presque toutes européennes : Peugeot, Renault, Mercedes, Audi… avec leurs présentations implantées chez nous pour le service après vente. Même notre système éducatif est claqué sur le sien, on nous enseigne tout sauf notre propre histoire.
Revenons au niveau régional et continental, le Franc CFA, utilisé dans les pays membres de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale), est édité en France et garanti par le Trésor Public français. Cette garantie du trésor français est sanctionnée par le versement de nos devises étrangères ou avoirs extérieurs dans un compte bancaire auprès du Trésor français dénommé : « Comptes d’Opérations ». De la création du franc CFA soit en 1945 jusqu’en 1973, nos Etats francophones étaient obligés de verser les 100% de nos devises étrangères dans ces Comptes d’opérations. En 1973, il a été ramené à 65% et tout récemment en 2005 à 50%. De 1945 à nos jours, aucun audit financier n’a été fait sur ces comptes, et nul ne sait quel est le Montant total et réel que ces comptes d’Opérations renferment, plus les intérêts qu’ils ont dû générer durant tout ce temps. Selon, le Pr Nicolas Agbohou, « les Comptes d’Opérations sont une tragédie humaine pour les africains dépouillés de leurs revenus du 1er janvier jusqu’au 31 décembre de chaque année pour le Trésor Public de France ». Point n’est besoin d’être économiste, pour savoir que la souveraineté politique d’un pays est inséparable du pouvoir régalien de battre la monnaie.
L’Union Africaine (U.A.), à cause d l’incapacité des nos Etats de s’acquitter de leurs cotisations annuelles, est subventionnée en partie par an par les institutions Européennes. Combien de pays africains reçoivent des subventions d’équilibres au niveau de leurs lois de Finances? Combien de pays ont leurs élections financées en partie par les pays du Nord? Dans combien de pays se trouve des bases militaires des pays du Nord? Quant à la France, elle est presque présente militairement dans tous les pays de l’ex-AOF (Afrique Occidentale Française) et l’ex-AEF (Afrique Equatoriale Française). Soyons sincères envers nous-mêmes, l’Afrique ne nous appartient pas encore, il faut oser le dire.
Ce blanc-noir nous dit encore plus loin : « L’Afrique est le seul continent sur lequel la France a un excédent commercial, dit-il. L’Europe et la France ont un atout : l’Afrique pense en français ou en anglais, elle achète des marques européennes et c’est totalement naturel. »
On parle d’excédent commercial lorsqu’un pays exporte plus de biens et de services qu’il n’en importe autrement dit lorsque la balance commerciale des exportations est supérieure aux importations. Ce normalien Blanc-noir, réputé être un banquier d’affaires et économiste chevronné nous souligne que l’Afrique est le seul continent sur lequel la France a une balance commerciale positive. Arrêtons-nous là, car on pourra décortiquer son exposé davantage. Mais sachez brothers and sisters que ce Blanc-noir connait très bien la portée de ses propos, après avoir occupé les hautes fonctions dans les grandes institutions financières européennes, qui fut d’ailleurs la plume Laurent Fabius lorsque ce dernier était premier ministre de la France, il sait de quoi il parle.
Conclusion
Les dés sont déjà jetés, sauf miracle de dernière minute sinon ce Blanc-noir régentera le Bénin et au grand dam des africains. Il en va sans dire qu’il sera là pour défendre les intérêts de la France corps et âme, pour cela je n’en veux pour preuve la proposition numéro 10 : « RENFORCER L’INFLUENCE DE LA FRANCE EN AFRIQUE » du rapport dont il est co-auteur intitulé : « Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économie entre l’Afrique et France »,je m’arrête là.
Acceptons cette allocution de ce Blanc-noir comme un coup de grâce, car elle est une rareté inouïe, surtout venant d’une personnalité de son rang, les hauts d’en haut. Au contraire, elle doit être vulgarisée et explicitée de manière scientifique afin que les générations futures puissent mieux comprendre cette triste réalité et de s’armer, par conséquent, jusqu’aux dents contre le système dominant. Au lieu de nous indigner ici et là, elle doit nous pousser, surtout la jeune génération africaine, à se poser des questions : comment sommes-nous arrivés ici ? Que devrons-nous faire pour appréhender ce système dominant qui n’a que trop duré ?
En tant que panafricaniste, la solution pour nous n’est que l’unité africaine tant prônée par ces dignes fils de l’Afrique tels que : Modibo Keïta, Kwame Nkrumah, Cheick Anta Diop…
Modibo Keïta nous disait « C’est dans l’unité que l’Afrique pourra résister à l’emprise des forces impérialistes et renforcer le camp de la paix », Battons-nous pour l’unité, battons-nous pour le fédéralisme, un état fédéral, une armée fédérale avec un budget fédéral, une devise monétaire unique, un marché commun… « La jeune génération ne doit pas baisser les bras. Elle doit se battre pour l’unité. (…) Si la première génération d’africains a échoué et n’a pu réaliser l’unité africaine, il faut maintenant que les jeunes reprennent le flambeau et aillent plus loin » telle est la requête du Mwalimu Julius Nyerere, dans livre de David Gakunzi et AD’ Obe Obe : ‘Rencontres avec Julius Nyerere’
Washington DC, le 23-01-2016
Issa Balla Moussa Sangaré
L’éternel élève à l’école de soi et africaine
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