19 août 2014

Mali : des projets morts nés

Présidence de la République du Mali, Crédit: google.com
Présidence de la République du Mali, Crédit: google.com

En économie et en marketing le cycle de vie d’un produit est de quatre phases: le lancement (launch), la croissance (growth), la maturité (maturity) et le déclin (decline), force est de reconnaître qu’il existe également des produits dont le cycle de vie ne dépasse pas deux phases : le lancement et le déclin, du lancement ils vont directement au déclin. Ces genres de produits s’appellent des produits morts nés. Plusieurs facteurs peuvent être les causes de cette mauvaise expérience : manque d’études de faisabilité, méconnaissance des habitudes, de la culture et des besoins de la clientèle visée etc.

Qu’est ce qu’un projet ? Nous pouvons définir le projet comme étant un ensemble de moyens matériels, financiers et humains mis en œuvre en vue de répondre à des objectifs précis. Il est en général limité dans le temps et dans l’espace.

Un second projet mort né: la commission dialogue et réconciliation

Après un premier projet mort né qui était la mise en place des organes de la transition à savoir: Un Haut conseil d’Etat (HCE); un Conseil national de transition (CNT); et une Commission nationale aux négociations (CNN), un second projet mort avait vu le jour : la commission de dialogue et réconciliation.
Suite à la publication du décret N° 2013-325/P-RM du 10 avril 201, portant nomination des commissaires de la commission de dialogue et réconciliation, les réactions n’avaient pas tardé à tomber de part et d’autre. Du COREN (collectif des ressortissants du Nord), à l’association des veuves et victimes guerre et à la COPAM (Coordination Nationale des Organisations Patriotiques du Mali), tout en passant le COPA (Collectif des patriotes) c’était le même slogan « non à la composition de la commission dialogue et réconciliation ». Malgré la divergence entre ces associations et mouvements, force est de reconnaître qu’ils étaient tous unanimes sur le mauvais choix des membres de la dite commission et la non-représentativité des communautés ou couches sociales pouvant mener à bien cette commission de dialogue et réconciliation.

Le choix des membres de la commission

Nous ne savons pas sur quelle base ou bien quel genre de consultation ils avaient fait au sommet de l’état pour arriver au choix du président de la commission M. Mohamed Salia Sokona et ses vice-présidents.
Etait-il pour autant l’homme de la situation ? M. Mohamed Salia Sokona ancien ministre de la Défense (1997 à 2000). Nous savons tous qu’une grande partie de la société civile tient pour responsable bon nombre d’anciens ministres des 2 dernières décennies de la débandade de l’armée nationale, d’autant plus un ancien ministre de la défense sous l’ère Alpha Oumar Konaré .
Une autre remarque de taille sur les membres de la commission dialogue et réconciliation est l’absence des religieux Mahmoud Dicko et Cherif Ousmane Madani Haidara du haut conseil islamique et enfin de l’archevêque de Bamako Jean Zerbo. Et pourtant depuis le début de la crise jusqu’à nos jours ils ont été associés à tout, ils étaient même parmi le lot de Malien qui ont fait le déplacement sur Ouagadougou pour le dialogue inter-malien.

La commission dialogue et réconciliation pèse 25 millions de FCFA par an

1 650 000F Cfa par mois pour le président de la Commission dialogue et la réconciliation, 1 200 000F Cfa pour chacun des deux vice-présidents, 550 000F Cfa pour chacun des trente commissaires par mois. Un an après la mise en place de la dite commission aucun impact sur la crise sociopolitique, aucun rapport, aucune feuille de route, aucune action digne de ce nom qu’on peut mettre à son actif… Et le changement de statut de dénomination de la dite commission qui, sera dorénavant ‘Commission Vérité, Justice et Réconciliation’, est-il un présage pour nous dire que le projet est déjà mort ?

Et cette nomination de l’ex Premier Ministre M. Modibo Keita comme le Haut représentant du Président de la République dans le dialogue inter-malien, est-elle un signe pour se démarquer de la commission dialogue et réconciliation mise en place par le président intérimaire?
Pour mémoire ils ont été investis pour une durée deux ans, les membres de la commission dialogue et réconciliation perçoivent- ils régulièrement leurs salaires ? Si oui pourquoi aucun rapport après un an de travail ? Si non, la commission est-elle officieusement dissoute ?

Le premier projet mort né

Le président de la transition le Pr Diouncouda Traore après sa convalescence en France, était retourné à Bamako avec un projet. Son projet était de mettre sur place les organes de la transition à savoir : Un Haut conseil d’Etat (HCE) constitué du président de la République par intérim et de deux vice-présidents; un Gouvernement d’union nationale (GUN) composé par des les représentants des forces vives; un Conseil national de transition (CNT) composé des représentants des partis politiques présents ou pas à l’Assemblée Nationale, avec un rôle consultatif; une Commission nationale aux négociations (CNN). Il avait par ailleurs affirmé que ces organes citées ci-haut verront le jour deux (2) semaines après la formation du gouvernement d’union national (GUN). Ce gouvernement d’union national tant espéré avait vu le jour le 21 aout 2012 et, jusqu’aux élections présidentielles de juillet 2013 mais aucun autre organe n’avait vu le jour.

Un projet mort né tel la qualification qu’on peut donner à ce projet que voulait entreprendre notre président de la transition le Pr Diouncouda Traore. Quel allait être le statut et le pouvoir de ces vice-présidents vis-à-vis du premier ministre et du président de l’assemblée nationale? La création de ces postes de vice président n’allait-elle pas être un enfreint à la constitution de février 1992 étant donné qu’elle ne fait point référence à un poste de vice-président ? Quels allaient être les avantages de ces vice-présidents avant et après la transition ? Et quel statut allaient-ils garder après la transition ? Ancien chef d’état ou ancien vice-président ?

Du haut de ses 72 ans et de ses quarante années de vie politique, c’est difficilement concevable des telles erreurs de la part d’une référence en politique et en enseignement au mali qu’est le Professeur Dioncouda Traoré.

Vivement des projets dignes de ce nom pour un Mali Meilleur !!!!!!

Washington DC, le 19-08-2014
Issa Balla Moussa Sangaré

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