M. le président: accusé, levez-vous!

10 décembre 2014

M. le président: accusé, levez-vous!

Le PARENA (Parti pour la Renaissance Nationale) est devenu un vrai casse-tête pour la mouvance présidentielle, elle est perturbée à chaque sortie médiatique de Tiébilé Dramé ou Djigiba Keita, respectivement président et secrétaire général du PARENA. Lors de la toute dernière rencontre improvisée entre le chef de l’Etat et l’opposition Malienne, c’est le Président de la république, qui fut véritablement aux abois.

Le président IBK, crédit photo: mali-web.org
Le président IBK, crédit photo: mali-web.org

A l’occasion de cet exercice démocratique, Tiébilé Dramé toujours avec la même verve a : « insisté sur la nécessité pour le président IBK de s’adresser à la nation, parce que les scandales financiers et autres ont miné la confiance des citoyens ». Pour mémoire, c’est à cause des scandales financiers inhérents à l’acquisition d’un aéronef et celle du contrat d’équipements et d’armements pour les FAMA (Force armée du Mali), que le FMI (fonds Monétaire International) et l’UE (Union Européenne) avaient suspendu leur aide budgétaire au gouvernement Malien.

Pour répondre à la requête de Tiébilé Dramé, le chef de l’état n’est pas allé par quatre chemins, il a laissé entendre : « Je n’ai aucun complexe. Vous m’incitez à m’adresser à la nation. Je ne le ferai jamais. Sans arrogance. Je ne suis pas à la barre.»

Non M. le président, vous êtes à la barre des accusés !!!

« Le peuple malien est habitué à ce qu’on lui rendre compte. C’est là une de nos fiertés.» nous disait le président Modibo Keita. Selon le Dr Abdoul Diallo, c’est la tradition du Dantigèli (rendre compte en langue Bambaran) qui, rend tout le monde comptable, gouvernants comme gouvernés. Au regard de ce qui précède M. le président, ici et là, je le dis, haut et fort, vous êtes à la barre des accusés. C’est le peuple du Mali qui vous a plébiscité, c’est ce peuple dans sa grande majorité  qui a placé sa confiance en vous et non en vos ministres. Vous avez été  élu à la magistrature suprême par le peuple du mali, ipso facto, vous lui devez des comptes sur la gestion quotidienne de la nation. On ne peut pas vous confier l’avenir et la destinée de 15 millions de Maliens, le devenir politique et territorial de 1.241.231 km2 et que vous vous exemptez de rendre compte au peuple, non M. Le président, non !

Le président  Abraham Lincoln nous définissait la démocratie comme : « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple». M. Le président, vous travaillez pour nous le bas peuple, la couche défavorisée, les sans voix. C’est l’argent du contribuable qui vous paie, qui vous loge et nourrit. C’est l’argent du citoyen lambda qui couvre vos frais de déplacement et les factures des hôtels 5 étoiles, qui couvre l’entretien de votre luxueux parc d’automobile, à la lumière de tout ce qui précède, vous devez respect et loyauté envers cette population, de surcroît, des comptes rendus périodiques ou occasionnels. Votre mutisme a trop duré, ce silence assourdissant donne un boulevard sans les feux de signalisation aux Radios Kankan.

Comparaison n’est pas raison, certes, sous d’autres cieux, face à des affaires qui touchent la nation entière ou un seul citoyen lambda, les présidents Américain et Français s’adonnent à des adresses à la nation pour rendre compte à leur peuple. Pourquoi vos pairs occidentaux aiment tant s’adresser à leur nation? Est-ce par maturité politique et démocratique? Est-ce par amour pour leur pays? Ou tout simplement c’est par respect à l’égard de leur peuple. Quoi qu’il advienne, M. Le président vous ne sauriez vous dérobez à l’accomplissement de cet exercice noble, qui est l’adresse à la nation.

M. le président de la république vous êtes le père de la nation, et métaphoriquement notre père de famille à tous. Au Mali,  nos coutumes et traditions nous enseignent que le père de famille convoque très souvent des réunions de famille à l’occasion des événements. Les causes de ces réunions familiales peuvent être endogènes ou exogènes. Le chef de famille initie les rencontres et s’adresse aux membres sa famille. Un chef de famille a des comptes à rendre aux membres de sa famille, il ne saurait jamais se dérober de cette obligation rituelle.

Ici plus qu’ailleurs, aujourd’hui plus qu’hier, en tant père de la nation, vous êtes et serez toujours à la barre des accuses et le peuple qui vous a élu, qui vous a confié la destinée de 15 millions de personnes et le devenir de 1.241.231 km2, vous jugera.

« Nos descendants ont des droits sur nous »

 

Washington DC, le 10-12-2014

Issa Balla Moussa Sangaré

 

 

 

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