1960-2015 : les deux proclamations de la Fédération du Mali

30 juin 2015

1960-2015 : les deux proclamations de la Fédération du Mali

Le 20 juin 1960 à Dakar, la fédération du Mali été proclamée indépendante. Pourquoi affirmer une seconde proclamation de la fédération du Mali ? La raison est simple.

A titre de rappel, le 15 Mai 2015 à Bamako a eu lieu la signature de l’accord de la paix et de la Réconciliation entre les rebelles du nord du Mali et le gouvernement du Mali, mais la Coordination des Mouvements de l’Azawad  (CMA) a boudé cette cérémonie.

Discussions autour de l’Azawad

 

Quelques jours après les deux principaux belligérants de la crise septentrionale du Mali – l’état du Mali et la CMA – se sont retrouvés en Algérie, chez le pays médiateur. La CMA n’est pas arrivée les mains vides, apportant des amendements dont un qui concernait la signification donnée à l’Azawad. Dans la première ébauche, elle était définie comme « une réalité socioculturelle,  mémorielle et symbolique« . Mais la CMA exigeait une autre définition qui est la suivante :

Une entité géographique et politique spécifique, ayant sa personnalité propre et nécessitant une gouvernance construite sur les fondements de son histoire et de ses réalités sociale, économique et culturelle.

Une fois la prise en compte de tous leurs amendements, la CMA a donné son aval pour le parachèvement de la signature de l’accord à Bamako le 20 juin 2015. D’aucuns savent que le 20 juin est l’anniversaire de la proclamation de l’indépendance de la fédération du Mali (Soudan-Mali). Nul ne doute que le choix porté sur cette date n’était pas une simple coïncidence, non loin de là.

De l’OIF à Churchill

Ce qui nous conforte dans notre approche c’est la Note d’Information du 10 juin 2015 de Ridha Bouabid, un responsable de l’Organisation International de la Francophonie (OIF), adressée à la présidente de cette même organisation. Rihad y affirme que l’accord consacre « une reconnaissance de l’Etat et du territoire de l’Azawad, comme une partie intégrante de l’Etat fédéral du Mali, en spécifiant que ses limites  territoriales comprennent l’ensemble des régions administratives actuelles du Tombouctou, Gao, Kidal, Taoudenit, Menaka ainsi que le Douentza ». Mieux, cette thèse a été confirmée par  le vice-président du Mouvement National de la Libération de l’Azawad (MNLA) Mahamadou Djéri Maiga. Dans l’interview qu’il a accordé au journal du Mali en marge de la signature de l’accord de la paix, Maiga a laissé entendre que :

« De Douentza à Kidal, nous aurons la zone géographique de l’Azawad et ceci engendrera un Mali nouveau, un Mali fort avec de nouvelles idées et une nouvelle mentalité. La naissance de l’Azawad n’est pas la division du Mali car nous reconnaissons l’intégrité territoriale du Mali. »

Outre cela, il affirme : « Le Mali a tenté sans succès de se fédérer avec le Sénégal, avec le Niger et le Burkina, alors pourquoi pas avec nous. » A la lumière de ce qui précède, nous disons que le 20 juin 2015, date de parachèvement de la signature de l’accord de la paix et de la Réconciliation était synonyme  à une seconde proclamation de la fédération du Mali pas avec le Sénégal mais avec l’Azawad.  Wilson Churchill nous disait : « Un peule qui oublie son passé se condamne à le revivre ». suivez notre regard.

Credit photo: lapartmanquante.worldpress.com
Credit photo: lapartmanquante.worldpress.com

A noter également que depuis fin 2011 le MNLA cherchait par tous les moyens l’indépendance de cette zone (les 3 régions du Nord). Pour mieux comprendre cette histoire d’Azawad, il sera mieux de remonter le temps.

Le pacte national de 1992

 

En effet, dans le pacte national de 1992 conclut entre le gouvernement du Mali et les Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad, le point 4 du titre I stipule : « Les dispositions du présent Pacte sont applicables dans le Nord du Mali appelé 6ème, 7ème et 8ème Régions par le Gouvernement et Azawad par les Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad. Le Gouvernement de la République du Mali n’est pas opposé à l’appellation « Azawad » pour ces Régions ».

Cependant, il reste respectueux du droit des populations de décider librement de l’appellation de leur terroir local, régional et interrégional et, en attendant que ces populations puissent exercer ce droit par le biais de leurs instances élues locales, régionales et interrégionales et ce dès leur première session, les deux Parties, devant la nécessité de faire prévaloir la restauration de la paix dans cette partie du territoire national, ont décidé de la désigner à travers ce Pacte par Nord du Mali. »

Nous pensons que la reconnaissance de l’Azawad trouve son essence dans le pacte national de 1992 où le gouvernement d’alors n’était pas contre que les rebelles appellent nos trois régions du Nord  Azawad. Et en 2012 après le putsch militaire qui renversant le président ATT, corollaire logique et la chute des trois régions du Nord, les rebelles du MNLA avait proclamé unilatéralement l’indépendance de l’Azawad.

Si le gouvernement du Mali de 1992 s’est borné aux trois régions, celui de 2015 du président IBK ajoute à l’Azawad le cercle de Douentza de la 5ieme  région Mopti. Devons-nous attendre, un jour la revendication territoriale,  une autonomie ou une indépendance de Douentza à Kidal (Azawad) par ces mêmes rebelles ? Contrairement au Kénédougou, le Wassoulou, le Khasso, l’empire du Mali, l’empire du Ghana, l’Azawad n’a jamais existé ni historique, ni dans les contes de notre contrée.

Ainsi  l’Histoire contemporaine retiendra désormais, que c’est pendant le régime du Président Ibrahima Boubacar Keita, cinquième Président de la République du Mali que notre nation s’est scindée officieusement en un Etat fédéral le Sud ‘ le Mali’ et le Nord ‘l’Azawad’.

Ici et maintenant, que l’histoire se rappelle que nous avons eu le courage de dénoncer, de l’interpeller, d’informer par nos moyens de bord cette entreprise de scission en puissance de la République du Mali.

Ici et là, devant Dieu, les Hommes et l’histoire nous nous désolidarisons du régime du président IBK et les tenons pour responsable des conséquences insidieuses de cet accord de la paix et de la Réconciliation.

« Nos descendants ont des droits sur nous »

Washington DC, le 30 juin 2015

Issa Balla Moussa Sangaré, Citoyen Malien

 

 

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Commentaires

MDIALLO
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Je me joint au frère Issa pour denoncer cet acte, et le qualifie comme un acte de trahison de la part de ce regime incompetent et indigne de la nation malienne.

Issa Sangare
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Bienvenu à bord mon frère Diallo.