3 septembre 2015

Lettre d’un jeune panafricaniste à l’UA concernant le kiswahili

 

Washington DC, le 2 septembre 2015

photo avec le drapeau de l'UA
Le Le panafricaniste Issa Balla Moussa Sangaré

A l’attention de :

 Son Excellence Robert Mugabe, président en exercice de l’Union africaine,

Son Excellence Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine,

Son Excellence Amina Salum Ali, Ambassadrice de l’Union africaine auprès des Etats-Unis

En tant qu’un jeune panafricaniste, c’est avec un grand honneur que j’ai décidé de prendre la plume pour vous écrire face à une préoccupation qui a trait à l’avenir des enfants du continent africain et au panafricanisme.

En effet, l’article du 28 août 2015 LAfrique du Sud : casse-tête chinois à l’école’ du magazine Jeune Afrique nous apprend que : « L’an prochain, les petits Sud-Africains vont pouvoir apprendre le mandarin (la langue chinoise) dès le primaire (…). Après l’école primaire, le mandarin sera enseigné au lycée à partir de 2017 et 2018. » Mieux, le même article nous affirme que 45 instituts Confucius dispensent des cours à travers le continent noir, et leur succès ne se dément pas. Plus loin, il nous relate que c’est en 2004 que les institutions de Confucius ont fait leur apparition en Afrique et elles ont pour objectif l’apprentissage du mandarin et la diffusion de la culture chinoise.

mandarin en Afrique
Les Instituts Confucius en Afrique. Crédit photo: jeuneafrique.com

 

 

 

 

 

 

 

A A la lumière de ce qui précède et étant un panafricaniste convaincu, je me suis senti dans l’obligation de vous écrire en tirant la sonnette d’alarme.

Ainsi, le professeur Jean-Paul Pougala dans son livre ‘Géostratégie africaine’ page 35, nous affirme que : « C’est depuis 1975 que le swahili a été reconnu à l’ONU et inscrit à l’Unesco comme la langue officielle africaine. »

Un autre article du magazine Jeune Afrique qui date du 12 octobre 2004, dont l’intitulé est  » L’Union africaine (UA) : le kiswahili, pour quoi faire ? « , nous enseigne que l’UA  a hérité de son ancêtre l’Organisation pour l’Unité africaine (OUA) : du français, de l’anglais, de l’arabe et du portugais. Il s’y ajoute maintenant le kiswahili. Ici, nous pouvons déduire bien que le swahili ait été reconnu par l’ONU et L’Unesco depuis 1975, il n’était guère considéré comme une langue officielle par les instances de l’UA.

Qu’il nous soit aussi permis de souligner que l’adoption du kiswahili comme une langue officielle par l’UA est largement due au dévouement personnel du président de la Commission de l’UA  d’alors, l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré, un panafricaniste déterminé. Ainsi, le protocole sur les amendements à l’acte constitutif de l’UA, adopté par la 1ere session extraordinaire de la Conférence de l’Union à Addis Abeba (Ethiopie) le 3 février 2003 et par la 2e session ordinaire de la Conférence de l’Union à Maputo (Mozambique) le 11 juillet 2003, stipule en son article 11 : « (…), remplacer le titre ‘Langues de travail’ par ‘Langues officielles’ et remplacer la disposition  existante par : 1. Les langues officielles de l’Union et de toutes ses institutions sont : l’arabe, l’anglais, le français, le portugais, l’espagnol, le kiswahili et toute autre langue africaine.»

Mieux encore, selon le professeur Pougala, l’ancien président de la Commission l’UA, son excellence Alpha Oumar Konaré avait laissé entendre le 24 mai 2004 au siège de l’Unesco à Paris : « Nous devons désormais accorder une place essentielle aux valeurs et traditions africaines. Sur ce plan, nos langues doivent être valorisées par nous-mêmes. Dès le mois de juillet prochain, nous entendons donner l’exemple en instituant le kiswahili comme langue officielle.»

Vos Excellences, président en exercice de l’Union africaine, présidente de la Commission de l’Union africaine, Ambassadrice de l’Union africaine auprès des Etats-Unis,

Vous serez d’accord avec moi qu’il ne saurait y avoir une union effective, une intégration socio-économique… entre les pays de la mère des terres sans une langue commune qui sera le socle culturel pour fédérer les descendants des présidents panafricanistes Kwameh Nkruma, Modibo Keïta, Julius Nyerere…  ces pères fondateurs de l’UA.

Proposions : le site du Dictionnaire biographique chrétiens d’Afrique (dacb.org) nous enseigne à travers moult cartographies les différentes langues officielles parlées dans les 54 pays d’Afrique. Ainsi je préconise :

  • L’instauration obligatoire au primaire et au secondaire, l’enseignement du kiswahili dans la région francophone d’Afrique où il n’existe qu’une seule langue officielle. Cette région est constituée par : Le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, la Guinée, la République démocratique du Congo (RDC), le Niger, le Congo, le Togo, la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, le Tchad et le Gabon.
  • Dans les pays francophones tels que : le Cameroun, le Djibouti, la Mauritanie, le Sénégal, le Rwanda, le Madagascar, la Guinée équatoriale et les Comores où il existe deux langues officielles, le kiswahili pourra être considéré comme une troisième officielle et son enseignement sera une exigence à partir des écoles primaires.
  • Dans les pays maghrébins tels que l’Algérie et la Tunisie où la langue officielle est l’arabe, on pourra instaurer le kiswahili comme la seconde langue officielle et en faire son enseignement une obligation à partir des écoles primaires.
  • Dans les contrées anglophones où l’anglais est la seule langue officielle comme au Ghana, Liberia, Nigeria, Zambie,Sierra Leone, Gambie, Namibie, le kiswahili pourra être enseigné dès le primaire comme la seconde langue officielle. Il existe également des pays anglophones où il y a 2 langues officielles, ce sont des pays comme : le Cameroun, Maurice, le Lesotho, le Swaziland. Le kiswahili peut être enseigné à l’école primaire comme la troisième langue.
  • Dans les pays lusophones tels que : l’Angola, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe, le Cap Vert et le Mozambique où le portugais est la seule langue officielle, on pourra seconder le portugais par le kiswahili comme la deuxième langue officielle.
  • Enfin, il existe déjà d’une région où le kiswahili est parmi les langues officielles. Ces pays sont : le Burundi, la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya, nous pouvons d’ores et déjà dire le train est en marche dans cette région.

Pourquoi spécifiquement le kiswahili ?

La raison est très simple : selon la prestigieuse université américaine Stanford, citée par le site d’information en ligne ‘slateafrique’, le kiswahili est la langue la plus parlée en Afrique après l’arabe, mais la première d’origine continentale. Selon une estimation de la Banque mondiale, datant de 2005, un nombre compris entre 120 et 150 millions de personnes parlent le kiswahili à travers le monde. Les radios internationales, telles que RFI, diffusent les informations en kiswahili en Afrique de l’Est. Je vais terminer avec ces justifications par les propos de l’université de Virginie, citée encore par ‘Slateafrique’, elle nous apprend que les plus prestigieuses universités américaines ont leur propre département de kiswahili au sein de leur faculté de langues, et plus d’une centaine d’universités l’ont déjà inclus dans leur programme sur la planète.

Vos Excellences, président en exercice de l’Union africaine, présidente de la Commission de l’Union africaine, Ambassadrice de l’Union africaine auprès des Etats-Unis,

Après la lecture de cette lettre, certains me diront sûrement que les pays africains n’ont pas besoin de plusieurs langues officielles, mais au contraire notre doyen le Pr Kum’a Ndumbe III, professeur émérite de rang magistral nous enseigne que celui qui ne parle qu’une seule langue est une personne pauvre. Dans ‘Géostratégie Africaine’ pages 36-37, mon aîné panafricaniste le Pr Jean Paul Pougala pense que : « Les Africains doivent prendre l’exemple des pays scandinaves où tous les jeunes doivent bien parler au moins 3 langues internationales »

Avec cette entreprise de vulgarisation de la langue kiswahili sur l’ensemble du continent noir, nous sommes sûrs que nous aurons jeté les bases d’une intégration culturelle continentale.

Je suis confiant qu’avec le kisawhili comme langue officielle dans tous les pays africains, dans 15 ou 20 ans nous aurons une génération africaine qui parlera 100 % la même langue, et elle sera le cordon ombilical et le soubassement d’une fédération africaine.

Chers Excellences, président en exercice de l’Union africaine, présidente de la Commission de l’Union africaine, ambassadrice de l’Union africaine auprès des Etats-Unis, je vous prie de bien vouloir recevoir l’expression de mes considérations les plus panafricanistes.

 

Issa Balla Moussa Sangaré

Panafricaniste

issabmsangare@hotmail.com

Secrétaire général de l’Association des Maliens de Washington (AMAW)

Membre du Réseau des Citoyens actifs du Mali (ReCAM)

Membre de Réinventer les Industriels africains de Demain Montréal 2 (RINVINDAF MONTREAL 2)

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N.B. : Cette lettre a été traduite en anglais, elle a également été remise en personne par l’auteur à l’ambassadrice de l’Union africaine auprès des Etats-Unis, Son Excellence Amina S. Ali. Troiscopies, une pour le président en exercice de l’UA, une pour la présidente de la Commission de l’UA et enfin une pour l’ambassadrice de l’UA auprès des Etats-Unis.

 

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Commentaires

Guy Muyembe
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Je suis salue cette initiative et je suis fier d'être un swahiliphone de naissance.

Issa Balla Moussa Sangare
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Merci de nous aider à partager au maximum.

Issa

Yarbanga Burkina Faso.
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Frere, soutien total. Vous faites preuve de lucidite.