Issa Balla Moussa Sangare

Le président IBK est-il réellement conseillé où fait-il preuve d’une froide indifférence ?

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Le président IBK & le rappeur Davido. Crédit photo: maliweb.com

Au Mali tout est rose malgré une série d’attaques répétées contre les Forces des armées du Mali (FAMA) et la population civile sans compter des inondations ici et là :

Le samedi, 1er août, une escorte des Forces armées du Mali est tombée dans une embuscade sur l’axe Diabaly-Nampala, dans la région de Ségou. Bilan selon le communiqué du gouvernement de deux soldats tués et quatre autres blessés.

Le lundi 03 août attaque contre le camp des gardes de Gourma  Rarhouss, bilan treize morts, onze gardes et deux civils.

Le 7 août 2015 attaque à main armée du supermarché Azar libre service sise à Tororoubougou en pleine journée dans la commune V du district de Bamako.

Du 7 au 8 août 2015, prise d’otages à l’Hôtel « Le Byblos » de Sévaré dans la 5e  région (Mopti). Selon la page Facebook de la présidence de la République du Mali le bilan du côté malien est : quatre soldats tués et huit blessés dans les rangs des FAMA, cinq contractuels de la MINUSMA.

Le samedi 8 août 2015, la ville de Ménaka dans la 6e région (Gao) a enregistré des inondations à la suite de fortes pluies. Un communiqué du gouvernement malien nous informe que ces inondations ont provoqué la mort de cinq  personnes et d’importants dommages matériels.

Le lundi 10 août 2015, près de la localité de Diabozo, cercle de Ténenkou dans la 5e région, un véhicule de patrouille des FAMA a sauté sur un engin explosif, faisant trois morts, quatre blessés et un véhicule endommagé.

Le mercredi 12 août 2015, attaque à la gare routière de Sogoniko, deux (2) blessés dont un grièvement selon le site d’information en ligne ‘Maliweb’

La nuit du jeudi 13 août, Aladji Sékou, 63 ans, l’imam de Barkérou (moins de 5 km de Nampala), a été abattu par des djihadistes, qui l’accusent de complicité avec l’armée et les autorités maliennes.

Stop ! Stop ! Arrêtons-nous là, car la liste est longue…

Comme si tout allait bien au pays, le samedi 15 août 2015 la star du hip hop nigérian Davido devrait faire un concert au stade Modibo Keïta, mais le vendredi 14  août une réception du genre ‘Avant première’ a été organisée à son honneur à la résidence du président Ibrahim Boubacar Keïta. Dans les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, la première des choses qui tape-à-l’œil est le champagne qui coule à flot, on peut également apercevoir le couple présidentiel sur les lieux de cette de la réception, le rappeur Davido en personne et beaucoup d’autres jeunes maliens.

Les avocats du diable toujours à la manœuvre nous avance que la star nigériane n’a pas été reçue en audience par le président IBK, et que contrairement à ce que pense beaucoup de gens, le couple présidentiel a juste fait un passage éclaire pour saluer Davido et les autres jeunes qui faisaient la ‘Fiesta’. Parmi ces avocats du diable, il y certain qui sont devenus des archivistes, ils ont posté sur facebook la vidéo du rappeur Davido avec le président Paul Kagame et le cliché du président Barack Obama avec les chanteurs maliens Mariam et Amadou Bagayoko, comme quoi l’image de notre chef d’Etat avec le rappeur était un fait normale.  Qu’ils sachent tout simplement que comparaison n’est raison, si c’était en 1994 je suis sûr et certain que le président Kagame n’allait pas faire comme son homologue Malien. Pour le cas du président américain, le couple Bagayoko avait été invité à l’occasion de son investiture et je pari que si c’était pendant la guerre de Vietnam le président Nixon n’allait jamais faire comme notre Chef suprême des armées.

Est-il réellement conseillé le président IBK ?  

Il y a vraiment lieu de se poser cette question. Apres cette série d’événements douloureux et sanglants listée ci-haut, le Chef de l’Etat devrait-il associer l’image de sa personne à cette réception ? Cette fête devrait-elle être organisée dans sa maison familiale ? Pour rappel, cette résidence privée est la maison présidentielle car le palais présidentiel de Koulouba est toujours en chantier. Je dis non, il devrait partager la douleur des familles endeuillées (militaires et civiles) par la retenue, la modestie, et surtout par respect pour la mémoire des soldats tombés au front en tant que chef suprême de l’armé. En mon entendement, un leader qui se réclame socialiste doit être auprès du peuple, il souffre quand celui-ci souffre, il pleure quand celui-ci pleure…

« L’on dit souvent, qu’un peuple a le chef qu’il mérite, et très souvent il est à l’image de ce peuple» si cela s’avère vrai, alors nous méritons vraiment le président IBK, et il est à l’image de nous, du malien d’aujourd’hui et non celle d’hier.

Comment est-ce une jeunesse peut-il seulement prendre au sérieux les plaisirs et la jouvence ?

Depuis le début de la crise du Mali jusqu’à nos jours, la jeunesse malienne n’a jamais fait une mobilisation d’envergure pour se faire entendre face l’indignation infligée au peuple malien. Toute honte bue, nous avons assisté à une mobilisation inédite pour le Show de la vedette nigériane : c’est 60.000  jeunes maliens qui ont fait le déplacement en ce moment rude de l’histoire de notre nation où l’horizon se referme de jour en jour. Mais à combien de reprises les différents mouvements de la société civile ont fait appel à la jeunesse malienne pour se mobiliser devant la Bourse du Travail pour des causes nobles ? Personnellement je ne m’en souviens point tellement c’est nombreux. Très généralement c’est à peine s’ils parviennent à mobiliser 200 personnes. Le tout dernier était le rassemblement du lundi passé le 17 août 2015 initié par le ‘collectif plus jamais ça’ au boulevard de l’indépendance. Cet attroupement a eu lieu deux (2) jours après le concert de Davido, c’est a peine si les organisateurs ont pu mobiliser 150 jeunes, et pourtant c’était pour des causes très nobles : le versement à compter du 1er septembre 2015 d’une prime de risque de 25% du salaire brut à tous les militaires sur le front ; la création d’une fondation pour le soutien financier aux veuves et orphelins de guerre à travers les entreprises étatiques ; le versement d’une allocution mensuelle de 50.000 FCFA par orphelin de guerre ayant moins de 25 ans ; l’aide au logement et le financement des études des enfants de moins de 25 ans etc.

Si réellement l’avenir d’une nation repose sur sa jeunesse, quel avenir pour le Mali qui meurt à petit feu ? Où va le Mali avec cette jeunesse y compris ma personne ?

Que nos ancêtres ainsi que nos pères de l’indépendance nous pardonnent, notre génération et celle de nos ainés pour avoir failli devant l’Histoire.

Que devons-nous réellement faire pour le pays de Modibo Keïta qui progresse en régressant ?

Washington DC, le 21-08-2015

Issa Balla Moussa Sangaré

Fils du Mali

 


Obama et l’Afrique : une histoire de promesse et de déception !

L’élection de cet Afro-Américain en 2008 avait suscité plus d’espoir chez ses cousins africains du continent noir que chez ses propres frères afro-américains du pays de l’oncle Sam. Au lendemain de son élection, certains présidents africains à savoir Boni Yayi et Amadou Toumani Touré pour ne citer que ceux-ci avaient laissé entendre qu’ils avaient passé toute la nuit en train de suivre les résultats de la présidentielle américaine. Le vieux continent et ses habitants ont beaucoup jubilé avec à leur tête le Kenya, le pays d’origine du président Barack Obama. Si la majorité des Africains présumaient qu’il était la solution pour l’Afrique en oubliant sciemment qu’il est d’abord américain et avait été élu président par les Américains, moi de mon côté, j’ai toujours pensé le contraire. La tâche nous revient, à nous les Africains de régler nos propres soucis. Il faut que cela soit clair, car personne ne fera l’Afrique à notre place.

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Le président Obama devant l’Union africaine. Crédit photo: dakaractu.com

A presque deux années de la fin de son second et dernier mandat, entre Obama et l’Afrique c’est devenu une histoire de promesses, rien que des promesses et de déception. Par rapport à ses prédécesseurs George W. Bush le républicain et Bill Clinton le démocrate, Barack Obama est en déphasage en termes de réalisations, d’aide au développement et de la bonne gouvernance sur le continent noir.

Entré en vigueur en octobre 2000 et initié par le président Clinton, l’African Growth and Opportunity Act (Agoa) s’inscrit dans la logique de faciliter les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et les pays africains. Il exempte de droits de douane plusieurs produits en provenance de l’Afrique subsaharienne. Selon un article de Jeune Afrique du 2 juillet 2015, 39 pays d’Afrique subsaharienne (sur 49 États dans la région) bénéficient des préférences commerciales accordées dans le cadre de la loi Agoa.

Quant au Millenium Challenge Account (MCA), il a pour objectif de réduire la pauvreté en favorisant la croissance économique en Afrique et dans le monde. Initié par le président George Bush en 2004,  il couvre plusieurs secteurs : le développement agricole, l’éducation, la bonne gouvernance, etc. Bien avant cela, en 2003 le président Bush avait lancé le PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief)  Plan d’urgence américain pour la lutte contre le sida en Afrique. Il a pour objectif d’apporter un appui direct au traitement antirétroviral et de prévenir les nouvelles infections.

Pour le président Obama, depuis 2008 à nos jours, c’est toujours des promesses.

Le 6 août 2014, lors de la clôture du sommet Etats-Unis/Afrique, Barack Obama a annoncé la mobilisation de plus 30 milliards de dollars à titre d’aide publique et d’investissements privés à destination de l’Afrique. Presqu’une année après les dirigeants africains sont toujours dans l’attente, M. Obama !

Samedi 25 juillet 2015 lors du 6e sommet mondial de l’entreprenariat, au Kenya sur la terre des ses ancêtres, le président Obama a annoncé un don d’un milliard US dollars pour promouvoir l’entrepreneuriat en Afrique par la création de trois centres d’entrepreneuriat des femmes au Kenya, au Mali et en Zambie.

Quant à ses réalisations, on peut citer entre autres :

  • Pour l’Afrique : le YALI (Young African leaders Initiative) devenu le ‘Mandela Washington Fellowship’. Un programme initié en 2014 par le président Obama pour former chaque année 500 jeunes leaders africains pendant six semaines dans des universités américaines sur le leadership.
  • En Afrique : C’est le programme ‘Power Africa’ électrifier l’Afrique lancé en 2013 pour le renforcement des ressources électriques dans les pays suivant : l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria et la Tanzanie. Selon le site d’information en ligne ‘Info-Afrique’, c’est un plan de 7 milliards de dollars sur cinq ans pour assurer à au moins 50 millions d’Africains un accès à l’énergie électrique, à la fois dans des zones rurales et urbaines. A noter que l’effet escompté de ce programme se fait toujours attendre dans les pays susvisés.

Obama et l’Afrique, c’est une histoire de promesses et de déceptions. Mais que mes frères et sœurs regardent en face la réalité, Obama est avant tout un Américain et  non un Africain, de surcroît, il est le président des Etats-Unis d’Amérique et non du continent noir.

Qu’ils sachent que personne ne viendra faire l’édification de la mère des terres ‘Mama Africa’ à notre place.

Washington DC, le 6 août 2015

Issa Balla Moussa Sangaré

Panafricaniste

 


Pour l’Afrique, j’accuse

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Crédit photo: r-sistons.over-blog.com

Pour l’Afrique, j’accuse. Comment rester serein face à la perspective d’une catastrophe sans précédent dans l’histoire de l’humanité qui menace un continent entier ?

J’accuse les gouvernements français qui se sont succédé depuis 1960 de s’être surtout souciés d’y maintenir leur influence : politique d’abord, en confortant au pouvoir ceux qui restaient dans notre allégeance, au besoin par interventions militaires : du Cameroun dès 1959 au Tchad en 1984, en passant par le Gabon, la Mauritanie, les Comores, le Zaïre, etc. Economique ensuite, avec le maintien de ces pays d’une économie dominée, apte à nous ravitailler en francs, nous assurant des débouchés privilégié…

J’accuse la majorité des dirigeants africains d’avoir d’abord profité des privilèges du pouvoir, en vivant largement au-dessus des ressources du pays : la ville de Yamoussoukro, le « Versailles ivoirien » a contribué à l’endettement de ce pays, dont on a trop longtemps vanté la réussite économique : on parlait du « miracle ivoirien ». Puis d’avoir exporté une partie des capitaux reçus au titre de l’aide, d’avoir abusé de la corruption. Mais n’oublions pas d’accuser les corrupteurs,  qui sont parmi nous…

J’accuse largement la coopération française d’avoir accepté de financer des projets somptuaires et d’avoir favorite ces métropoles aux quartiers extravagants (qui avoisinent « les bidonvilles du désespoir »). Comme Cocody à Abidjan ou la corniche Ouest de Dakar. D’avoir financé des projets aberrants,  comme les deux grands barrages du fleuve Sénégal en 1986. Je l’accuse d’avoir accentué les inégalités du savoir en finançant le seul enseignement du français aux dépens des autres langues nationales africaines.

J’accuse la Banque mondiale d’avoir jusqu’au rapport Berg de 1981, préféré les cultures d’exportation,  « les seules qui permettent de rembourser les emprunts » aux dépens des cultures vivrières. Ayant largement financé les oléagineux, le thé et le tabac, les prix mondiaux de ces produits ont chuté et nous en profitons, nous les pays riches. Et tous ces organismes, le GATT* inclus n’ont rien fait contre la dégradation des termes de l’échange qu’ils se contentent (tardivement) de déplorer et qui ruine l’Afrique.

J’accuse le Fonds monétaire international d’acculer ces pays à une austérité payée par les plus pauvres et de refuser tout protectionnisme, pourtant indispensable au départ du « développement ». Et de compromettre l’avenir des enfants d’Afrique en obligeant à réduire les dépenses d’éducation et de santé. Sur ce point, j’ai l’appui de l’Unicef***, dans son dernier rapport sur l’Afrique

J’accuse la grande majorité des bureaux études et des experts internationaux de toucher des honoraires et des salaires extravagants qui ponctionnent une large part des crédits « d’aide » en Afrique. Timberlake cite des salaires allant jusqu’à 180 000 dollars US par an. J’accuse certains des experts comme Jean-Marie Cour, auteur d’inscription rapport d’un pour la CEE** « Image à long terme de l’Afrique », de n’avoir absolument rien compris aux différences entre « notre » développement et celui des Africains, tout comme W.W. Rostow en 1960, mais ce dernier était alors plus excusable.

J’accuse tous ces projets industriels dont beaucoup ont rapidement fait faillite, et dont les autres ont ruiné les artisanats autochtones sans être capables de fournir et les besoins de base et le niveau d’emploi dont ces pays et ces populations ont besoin.

J’accuse enfin, et sur ce point l’agronome est plus catégorique, tous ceux, Européens et Africains qui ont promu et favorisé des projets de développement rural, totalement inadaptés. Certains comme l’arachide mécanisée ont ruiné l’écologie du Tanganyika à la Casamance. Les autres ont totalement négligé la protection de l’environnement et ainsi largement favorisé les érosions par l’eau et le vent, la dégradation des sols, donc finalement l’avancée du désert. Et, plus grave encore, ont ruiné l’ensemble des paysanneries africaines.

J’accuse enfin tous ces responsables, dirigeants, experts, etc. d’avoir, si souvent, par leurs politiques, ignoré, ruiné et méprisé les paysans et les paysannes de ces pays d’Afrique.

Arrête-nous là, mais cette liste n’est pas « exhaustive ».

René Dumont

Pour l’Afrique j’accuse

P.256-258

Recouper par Issa B.M. Sangaré

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* GATT : General Agreement on Tariffs and Trade, (L’accord général sur les tarifs douaniers)
** CEE : Communauté Économique Européenne

*** UNICEF: United Nations of International Children’s Emergency Fund, (Fond durgence humanitaire de lONU pour la défense des droits de lenfants)

 


Mali : conditions de travail très pénibles dans le privé

Contributions suite à l’article de l’Express sur Ecobank Mali. L’inspection du travail et l’APBEF sont interpellées.

Bourse du Travail du Mali.  Crédit Photo: Bamada.net
Bourse du Travail du Mali. Crédit Photo: Bamada.net

Les vrais problèmes d’Ecobank Mali ne sont pas liés à la gestion de la clientèle comme l’a souligné ce journaliste de L’Express de Bamako. Jusqu’à preuve du contraire, sur la place, Ecobank est quand même une des banques où le client est le plus chouchouté. Evidemment, il n’y a pas de situation parfaite, vous trouverez toujours des contents et des mécontents ; et il faudra continuer à aller dans le sens de la satisfaction de tous les clients.

Le réel problème réside dans le traitement des employés, facteur directement lié à la qualité du service délivré. Le groupe Ecobank a, parmi ses priorités absolues, l’ambition de devenir un employeur de choix. Eh bien au Mali ça n’est pas gagné, les employés vivent un calvaire par la faute de leurs directeurs, ou bien devrais je dire leurs directrices. Je ne pouvais plus rester dans cette boîte tellement le personnel est méprisé et tout ce qui peut l’épanouir est balayé d’un revers de main. Les employés sont mal payés, Il n’y a pas de plan de carrière, pas d’augmentations ni d’avancements sauf pour les commères qui passent la
journée à se pavaner d’un bureau à l’autre ou alors ceux qui ont des accointances avec les boss.

Ça m’irritait de voir ces cadres dans de piètres conditions après plusieurs années, sans le salaire qu’ils méritent, sans voiture, sans maison. Où est donc le « CAR PLAN » pratiqué par des filiales plus petites. Il est devenu interdit pour l’employé de rêver, même les tests en interne sont tronqués. Certains employés (ils se reconnaîtront) ont reçu notification depuis plus de 3 ans de leur nouveau poste avec description de tous les avantages suite au test à l’interne qu’ils ont réussi. Mais ces notifications officielles de la direction (Memo) sont restées sans suite et d’autres personnes occupent ces postes sans avoir fait de test. Il y a aussi les cas où finalement le poste annoncé avant le test change après le test, parce que celui qui a réussi n’est pas le copain de quelqu’un ou pour d’autres futilités.

A Ecobank le supérieur s’opposera à toutes opportunités de progression qui se présenteront à l’employé « qui remplit bien sa mission » parce que le chef devra arrêter de se reposer sur ses lauriers pendant 2 ou 3 mois le temps de former le nouveau remplaçant. Tout cela avec la bénédiction des Ressources humaines.
Et même pour les choses très simples, vous n’avez par exemple pas de fontaine d’eau potable dans les locaux. Quand il y a de l’eau, c’est celle du robinet que les chefs, il faut le dire, ne boivent pas. Aussi n’allez jamais demander un agenda ou un calendrier à votre parent qui travaille à Ecobank, vous le mettriez dans l’embarras, sachez que la direction préfère les brûler à la fin de l’année plutôt que de les distribuer aux employés.

Pour obtenir un prêt employé, il faut faire des courbettes, ou il faut avoir une belle tête. Pourtant, tous les indicateurs sont bons et il  n’y a aucun risque de non-remboursement. Il y a même un petit gain pour la banque. Mais ce n’est pas grave, il ne s’agit que du besoin de
l’employé. Pareil pour les congés et les disponibilités, courbettes. Des droits basiques. Les avantages pratiqués dans des banques de la place 5 fois plus petites sont supérieurs à ceux d’Ecobank. Chaque ecobankier travaille entre 10 et 12 heures par jours, vendredi y compris malgré la demi-journée préconisée par la convention collective des banques (l’APBEF ne dit mot, les RH bénissent, le syndicat est nul) sans paiement d’heures sup ; mais gare à celui qui se fera prendre pour 5 minutes de retard,  une fois en 3 mois. Quid des demi-journées précédent les fêtes nationales, toutes les autres banques les observent.

Le fait de rester ouvert pendant que les autres sont fermés n’est pas vraiment fair-play. Le respect des mots d’ordre de grève générale est farouchement sanctionné par la direction. Les pressions viennent de toute part pour interdire l’observation de ces jours de grève. Les dirigeants d’Ecobank Mali n’offrent pas d’ascenseur social à leurs employés, isl n’en voient pas l’utilité. Ces patronnes ont l’impression d’être exceptionnelles et de mériter plus que les autres. Elles veulent exercer leur dominationpar la peur et par la force, par tout sauf le leadership et la grandeur.
D’ailleurs pourquoi il n’y a que les bons qu’elles écartent du COGES. Quelques-unes n’hésiteront pas, par exemple, à injurier leurs employés et à les rabaisser quand la pression monte. Elles sont injustes et incapables de résoudre les problèmes, tout est géré par le subalterne qui est gardé bien caché, exprès, durant des années. Elles s’approprient ses meilleures idées et leur image externe rayonne.

Mais cela fait mal, y compris à l’entreprise. Ces types de managers font des dégâts souvent irréversibles, non seulement auprès des salariés, mais jusqu’aux fondements de l’entreprise avec des effets collatéraux très importants : désinvestissement, absentéisme, épuisement psychologique, rupture de bon sens, démotivation, turnover important.

Ces dames pensent qu’elles font le résultat de la banque toutes seules, que c’est grâce à elles que le nouveau siège a vu le jour ; parlons-en de ce nouveau siège. Il est très imposant, c’était l’occasion d’y avoir toutes les commodités, mais il paraît qu’il n’y a pas de cantine et que tout le monde devra sortir manger. Tout le monde a-t-il le temps, l’envie ou les moyens de supporter un coût supplémentaire pour le carburant. Ça se fera, sans aucun doute, plus tard, mais on traîne les pieds, ce n’est pas urgent, c’est pour le personnel, on va attendre qu’il y ait un ou deux caissiers sanctionnés pour retard. Le pire de tous, ce bonhomme qui pense qu’il manipule alors que c’est lui le manipulé, celui-là qui sert de chef du personnel ou chef de paiement des salaires ; parce qu’il pratique tout sauf la gestion des ressources humaines.

D’injustice à injustice, il bafoue la dignité de l’employé. Quand l’employé a besoin de lui, pour lui, il n’y a jamais de problème, vous vous en faites pour rien. Il est incapable de dire non et de prendre une décision. Il attend que le temps règle les problèmes. Il est un grand spécialiste de l’évitement. Bref, ne comptez pas sur lui pour trouver des solutions ou vous aider dans ce sens. En acceptant le dixième départ d’un membre du personnel d’encadrement en une année, il aurait dû démissionner aussi.

Les employés n’ont donc plus que le syndicat, qui aussi, est divisé et mal organisé. Ils sont terrorisés par la direction et leur discours change dès qu’ils sont face à elle. Ces agissements ont été exacerbés sous la direction de Binta, période que j’ai le plus connue ;
l’arrivée de Coumba a suscité beaucoup d’espoir, mais les vrais changements tardent encore à venir. On a pu noter une répartition plus judicieuse du bonus lors de son premier exercice, c’est peut-être un début, mais l’employé a besoin de sentir qu’il contribue à l’édifice et qu’il est dirigé par des personnes justes en qui il pourra mettre sa confiance.

A Ecobank Mali, Il n’y aucun mode de management, la gestion RH est une catastrophe. A ce niveau-là, ce n’est même pas une banque de classe malienne. Je n’ai jamais vu un tel sentiment de démotivation du personnel, pas de plan de formation, aucune possibilité l’évolution de carrière, de mobilité… Les écarts sont trop grands entre les salaires de personnes ayant les mêmes postes, on nous parlera d’ancienneté, s’ils sont si anciens… comment se fait-il qu’ils n’évoluent point. L’humain n’est pas considéré. D’ailleurs, le personnel conseille aux nouveaux arrivés de partir !

Ou alors les RH devront revoir leur ambition pendant les recrutements. Ils veulent recruter la crème alors qu’ils ne savent pas les gérer. On ne gère pas les cadres par tâtonnement. En plus, ils peuvent voir que rien ne va plus entre un employé et son supérieur qui malmène le premier sans aucune raison valable à part qu’il est chef. Mais les RH ne pipent mot. Le syndicat est muselé, ce qui explique son discours changeant selon qu’il se trouve  face aux employés ou à la direction. Cette banque pourrait accroître considérablement son potentiel de développement en motivant ses employés.

Que les dirigeants se remettent en question, qu’ils prennent un coach en management, qu’ils revoient la gestion du personnel; l’organisation, les rapports humains, l’ambiance, les valeurs revendiquées par le groupe. Certains ne prendront pas cette sortie par le bon bout, comme à leur habitude, ils ne penseront qu’à eux-mêmes, ils refuseront de croire en la sincérité de ce cri de cœur dans lequel 99 % des employés se reconnaîtront.

Le 6 juin 2015

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NB : cet article est une contribution volontaire d’un lecteur indépendant. Son contenu n’engage nullement l’administrateur de ce blog.

Bonjour cher Sangaré,

Je suis tombé sur votre blog que j’ai trouvé très intéressant, j’ai pu
ressentir très très souvent le panafricaniste en général dans vos
écrits et le patriotisme malien en particulier.

je voudrais vous féliciter ici pour la qualité, le niveau de l’analyse
et l’engagement dans vos textes.

Moi je ne suis pas blogger, ce sont les circonstances qui m’emmènent à
écrire de temps en temps. En son temps, un article paraissait dans
l’express de Bamako sur les mauvaises conditions dans lesquelles les
clients étaient accueillis dans les agences de Ecobank Mali; ayant été
employé d’Ecobank pendant un moment, j’ai écrit à l’époque l’article
ci-joint pour rebondir et donner mon point de vue sur les mauvais
traitements infligés aux salariés des sociétés privées en général
mais en me basant sur l’expérience vécue chez Ecobank Mali.

Malheureusement, je n’avais pas de contact dans le milieu des
journalistes mon article n’a donc pas été repris, j’avais pu l’envoyer
uniquement sur malijet qui ne l’a pas publié non plus.

Ça me plairait beaucoup si vous pouviez selon votre disponibilité,
faire une analyse sur les conditions de travail au mali et/ou publié
mon article sur votre blog ou facebook qui sont très suivis au Mali.

Bien à vous Monsieur Sangaré.

 


1960-2015 : les deux proclamations de la Fédération du Mali

Le 20 juin 1960 à Dakar, la fédération du Mali été proclamée indépendante. Pourquoi affirmer une seconde proclamation de la fédération du Mali ? La raison est simple.

A titre de rappel, le 15 Mai 2015 à Bamako a eu lieu la signature de l’accord de la paix et de la Réconciliation entre les rebelles du nord du Mali et le gouvernement du Mali, mais la Coordination des Mouvements de l’Azawad  (CMA) a boudé cette cérémonie.

Discussions autour de l’Azawad

 

Quelques jours après les deux principaux belligérants de la crise septentrionale du Mali – l’état du Mali et la CMA – se sont retrouvés en Algérie, chez le pays médiateur. La CMA n’est pas arrivée les mains vides, apportant des amendements dont un qui concernait la signification donnée à l’Azawad. Dans la première ébauche, elle était définie comme « une réalité socioculturelle,  mémorielle et symbolique« . Mais la CMA exigeait une autre définition qui est la suivante :

Une entité géographique et politique spécifique, ayant sa personnalité propre et nécessitant une gouvernance construite sur les fondements de son histoire et de ses réalités sociale, économique et culturelle.

Une fois la prise en compte de tous leurs amendements, la CMA a donné son aval pour le parachèvement de la signature de l’accord à Bamako le 20 juin 2015. D’aucuns savent que le 20 juin est l’anniversaire de la proclamation de l’indépendance de la fédération du Mali (Soudan-Mali). Nul ne doute que le choix porté sur cette date n’était pas une simple coïncidence, non loin de là.

De l’OIF à Churchill

Ce qui nous conforte dans notre approche c’est la Note d’Information du 10 juin 2015 de Ridha Bouabid, un responsable de l’Organisation International de la Francophonie (OIF), adressée à la présidente de cette même organisation. Rihad y affirme que l’accord consacre « une reconnaissance de l’Etat et du territoire de l’Azawad, comme une partie intégrante de l’Etat fédéral du Mali, en spécifiant que ses limites  territoriales comprennent l’ensemble des régions administratives actuelles du Tombouctou, Gao, Kidal, Taoudenit, Menaka ainsi que le Douentza ». Mieux, cette thèse a été confirmée par  le vice-président du Mouvement National de la Libération de l’Azawad (MNLA) Mahamadou Djéri Maiga. Dans l’interview qu’il a accordé au journal du Mali en marge de la signature de l’accord de la paix, Maiga a laissé entendre que :

« De Douentza à Kidal, nous aurons la zone géographique de l’Azawad et ceci engendrera un Mali nouveau, un Mali fort avec de nouvelles idées et une nouvelle mentalité. La naissance de l’Azawad n’est pas la division du Mali car nous reconnaissons l’intégrité territoriale du Mali. »

Outre cela, il affirme : « Le Mali a tenté sans succès de se fédérer avec le Sénégal, avec le Niger et le Burkina, alors pourquoi pas avec nous. » A la lumière de ce qui précède, nous disons que le 20 juin 2015, date de parachèvement de la signature de l’accord de la paix et de la Réconciliation était synonyme  à une seconde proclamation de la fédération du Mali pas avec le Sénégal mais avec l’Azawad.  Wilson Churchill nous disait : « Un peule qui oublie son passé se condamne à le revivre ». suivez notre regard.

Credit photo: lapartmanquante.worldpress.com
Credit photo: lapartmanquante.worldpress.com

A noter également que depuis fin 2011 le MNLA cherchait par tous les moyens l’indépendance de cette zone (les 3 régions du Nord). Pour mieux comprendre cette histoire d’Azawad, il sera mieux de remonter le temps.

Le pacte national de 1992

 

En effet, dans le pacte national de 1992 conclut entre le gouvernement du Mali et les Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad, le point 4 du titre I stipule : « Les dispositions du présent Pacte sont applicables dans le Nord du Mali appelé 6ème, 7ème et 8ème Régions par le Gouvernement et Azawad par les Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad. Le Gouvernement de la République du Mali n’est pas opposé à l’appellation « Azawad » pour ces Régions ».

Cependant, il reste respectueux du droit des populations de décider librement de l’appellation de leur terroir local, régional et interrégional et, en attendant que ces populations puissent exercer ce droit par le biais de leurs instances élues locales, régionales et interrégionales et ce dès leur première session, les deux Parties, devant la nécessité de faire prévaloir la restauration de la paix dans cette partie du territoire national, ont décidé de la désigner à travers ce Pacte par Nord du Mali. »

Nous pensons que la reconnaissance de l’Azawad trouve son essence dans le pacte national de 1992 où le gouvernement d’alors n’était pas contre que les rebelles appellent nos trois régions du Nord  Azawad. Et en 2012 après le putsch militaire qui renversant le président ATT, corollaire logique et la chute des trois régions du Nord, les rebelles du MNLA avait proclamé unilatéralement l’indépendance de l’Azawad.

Si le gouvernement du Mali de 1992 s’est borné aux trois régions, celui de 2015 du président IBK ajoute à l’Azawad le cercle de Douentza de la 5ieme  région Mopti. Devons-nous attendre, un jour la revendication territoriale,  une autonomie ou une indépendance de Douentza à Kidal (Azawad) par ces mêmes rebelles ? Contrairement au Kénédougou, le Wassoulou, le Khasso, l’empire du Mali, l’empire du Ghana, l’Azawad n’a jamais existé ni historique, ni dans les contes de notre contrée.

Ainsi  l’Histoire contemporaine retiendra désormais, que c’est pendant le régime du Président Ibrahima Boubacar Keita, cinquième Président de la République du Mali que notre nation s’est scindée officieusement en un Etat fédéral le Sud ‘ le Mali’ et le Nord ‘l’Azawad’.

Ici et maintenant, que l’histoire se rappelle que nous avons eu le courage de dénoncer, de l’interpeller, d’informer par nos moyens de bord cette entreprise de scission en puissance de la République du Mali.

Ici et là, devant Dieu, les Hommes et l’histoire nous nous désolidarisons du régime du président IBK et les tenons pour responsable des conséquences insidieuses de cet accord de la paix et de la Réconciliation.

« Nos descendants ont des droits sur nous »

Washington DC, le 30 juin 2015

Issa Balla Moussa Sangaré, Citoyen Malien

 

 


À la mémoire de nos aïeux panafricanistes et pères fondateurs de l’OUA

Allocution historique du président Modibo Keita à la tribune de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) l’ancêtre de l’Union Africaine (UA) le 24 mai 1963 à Addis-Abeba.

Modibo Keita, crédit photo: histoireafricaine.com
Modibo Keita, crédit photo: histoireafricaine.com

Sa Majesté Impériale,
Monsieur le Président,
Honorables Frères,

Mes premiers mots sont pour rendre un vibrant hommage au gouvernement d’Ethiopie, et particulièrement à Sa Majesté l’Empereur, qui ont su créer les conditions les meilleures à la tenue de cette conférence, par leur fraternelle hospitalité et leur dévouement enthousiaste et constant à la cause africaine.
S’il est des occasions où des peuples se glorifient à juste titre de leurs réalisations, la conférence qui nous rassemble à Addis-Abeba est de celles-là.
Réunir autour d’une table la grande famille africaine divisée par plusieurs siècles de colonisation est une grande victoire sur la diversité des peuples, des langues et des religions qui caractérise notre continent.

Faire conférer autour de la table ronde trente et un Etats africains encore tout imprégnés du nationalisme fervent qui, il y a peu d’années, les menait à l’Indépendance, organiser la coopération entre des pays comme les nôtres fermement attachés à leur souveraineté récemment acquise aura été un événement unique dans l’histoire du monde.
Voilà qu’avant même sa totale libération, l’Afrique nouvelle marque de sa sagesse et de son amour du prochain l’histoire des relations entre nations.
Un tel honneur nous impose de réussir, au nom des peuples qui ont leur confiance en nous pour les guider vers leur unité, au nom de l’humanité à qui notre rencontre redonne un nouvel espoir, au nom aussi, Monsieur le Président, de notre honneur et notre fierté d’Africains, face à ceux qui continuent de nous dénier toute capacité de nous entendre, de nous diriger nous-mêmes, et d’élever en commun un édifice durable.
C’est en ayant présentes à l’esprit ces obligations, que la République du Mali apportera sa contribution positive à cette rencontre.
Pour promouvoir et construire l’Afrique Unie, nous nous laisserons hanter volontiers par les dangers que recèle une Afrique divisée.

Il n’est pas possible de laisser subsister plus longtemps l’opposition savamment encouragée entre les groupes d’Etats ; nous irions au-devant d’un clivage de notre continent en blocs antagonistes, et préparerions le terrain le plus propice à la transplantation dangereuse de la guerre froide sur le sol de notre patrie commune.
La période que nous voulons aujourd’hui dépasser doit nous servir de leçon : aux oppositions stériles doivent maintenant succéder l’entente fraternelle, la tolérance qui n’ont jamais cessé de présider aux relations entre nos populations. Ce moment où le président du Sénégal, le président Senghor, donna la parole au président Modibo Keita de la République du Mali est le témoignage le plus éclatant de ce que peut la volonté d’hommes résolument attachés à l’unité africaine.
C’est alors que nous pourrons aborder les problèmes qui continuent de se poser à nous.
N’est-il pas vrai en effet que nous nous sommes tous proposés, comme nos peuples, de rétablir et de sauvegarder notre dignité ?

L’Unité africaine exige de chacun de nous le respect intégral, le maintien des frontières actuelles de nos Etats respectifs, frontières héritées du système colonial. Si réellement, nous sommes les uns et les autres animés de la volonté ardente de faire l’unité africaine, il faut que nous prenions l’Afrique telle qu’elle est ; il faut que nous renoncions aux prétentions territoriales si nous ne voulons pas instaurer en Afrique ce que l’on pourrait appeler « l’Impérialisme noir ». Car, pour nous, l’impérialisme n’est pas le fait d’un pays, d’un continent ou d’un bloc. L’Impérialisme, c’est cette manifestation de la volonté de domination d’un homme sur un homme, d’une société sur une société, d’un peuple sur un peuple. C’est celle de vouloir à tout prix imposer aux autres son mode de pensée, son mode de vie, son mode de développement politique et économique.
Il est donc nécessaire, il est même indispensable que, d’une manière concrète, nous mettions un terme à tous les éléments de division : le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque Etat doit être concrétisé par un engagement, un pacte multilatéral de non-agression, garanti par chacun des Etats ici réunis. La conclusion d’un tel accord renforcera les relations interafricaines, réduira dans ce domaine les ingérences extérieures et ouvrirait une heureuse perspective à la coopération africaine dans le domaine de la défense et de la sécurité.
Dans le cadre ainsi défini, un organisme de conciliation inter-Etats, que nous devons mettre en place, pourra répondre à notre attente dans le règlement des différends qui opposent les pays africains.

Monsieur le Président, vous avez sans doute deviné la volonté de mon pays de ne point exciper de la position privilégiée que lui confère l’article 48 de la Constitution du Mali qui prescrit l’abandon partiel ou total de souveraineté au profit de toute construction africaine viable.
Dans la perspective de réalisation d’une unité complète, le peuple du Mali a choisi d’examiner avec discernement les réalités de notre continent et les expériences des Etats frères.
Quelles sont ces réalités ? Ici, il a été affirmé que le système colonial a divisé l’Afrique, c’est vrai sous un certain rapport ; mais l’on peut aussi dire que le système colonial a permis à des nations de naître. En effet, si nous prenons certaines parties de l’Afrique, dans la période précoloniale, l’Histoire nous a appris qu’il y avait là une poussière de royaumes et d’empires, qui se définissaient selon des tribus ou des ethnies, mais qui aujourd’hui dans certains Etats ont transcendé ces différenciations pour constituer un Etat, un véritable Etat. C’est là aussi des réalités dont il faut tenir compte, pensons-nous, si l’Unité africaine veut être effective et durable. Car, si nos nations africaines devaient se définir comme des entités ethniques, parlant la même langue, ayant la même psychologie, eh bien, on ne trouverait en Afrique aujourd’hui aucune véritable Nation. La République du Mali, par exemple, est constituée d’une dizaine de races, qui ont transcendé leurs différenciations ethniques et tribales, certes, pour constituer aujourd’hui la République du Mali. Mais, est-ce que nous n’avons pas des Songhaïs qui par le fait de grands mouvements humains se sont trouvés au Niger et ailleurs ? Est-ce que nous n’avons pas des Foulbés, des Toucouleurs, qui, au cours du développement de l’Histoire, se sont retrouvés en Guinée, dans le Nord Cameroun, au Nigeria ? Ainsi vouloir partir d’une telle définition de la nation, exiger que la République du Mali soit constituée essentiellement ou de Mandingues, ou de Foulbés, ou de Songhaïs, nous eût posé des problèmes, bien des problèmes avec bien de nos voisins.

C’est cette réalité dont il faut tenir compte. Notre continent présente également un autre trait de caractère d’égale importance. Des Etats africains, selon le système colonial, et selon aussi le degré de développement de la lutte des masses populaires, se sont orientés vers telle voie nouvelle de construction, pendant que d’autres continuent à suivre, dans leur développement économique, la ligne tracée par l’ancienne puissance coloniale ; d’autres se sont engagés dans une forme précise de construction, je veux parler de la construction socialiste. D’aucuns enfin ont choisi une voie intermédiaire et tout cela, compte tenu des réalités de leur Etat. Mes chers frères, du jour au lendemain, il n’est pas possible d’effacer d’un coup de pinceau toutes ces réalités. Vouloir le faire,’ ce serait préparer à l’Afrique des lendemains difficiles. Je puis d’autant plus vous en parler librement que j’en ai fait, tant sur le plan de l’organisation politique que sur le plan de l’organisation étatique, des expériences que je ne regrette guère, parce qu’elles ont été une école pour moi et mes amis.

Excellence, vous devinez d’ores et déjà la position de la République du Mali face à l’unité africaine, cette unité que chacun de nous, dans nos Etats, a placée en tête de son programme d’action.
Il s’agit, selon nous, de mettre en commun nos possibilités et nos potentialités, pour aller de l’avant, dans le respect des options de chacun, voilà l’exigence du peuple de la République du Mali, de son Parti l’Union soudanaise- R.D.A. qui, depuis notre Congrès du 22 septembre 1960, s’est engagé résolument et irréversiblement dans la voie de la construction socialiste de son pays.
Honorables frères, l’entreprise commune ne peut se situer en dehors de la volonté de dignité et de personnalité qui nous anime, et qui, à cet égard, doit trouver à Addis-Abeba une expression toute nouvelle dans l’appui- que dis-je —dans notre engagement matériel, moral et militaire, au sein d’une croisade ouverte contre les colonialistes. Il serait bien illusoire en effet, aux responsables que nous sommes, de vouloir jouer le rôle que nous souhaitons, tant que tout près de nous, quelquefois à nos frontières, nos propres frères sont réduits à l’esclavage, ou ravalés au rang de bêtes, de par la seule volonté des colonialistes attardés qui n’ont rien compris à l’histoire, et de racistes d’Afrique du Sud.
Le problème ici est grave et affecte la conscience de l’humanité entière. Certes, l’opprobre unanime des membres de l’Organisation des Nations unies, l’aide constante et courageuse des Etats anti-impérialistes et notamment des pays frères d’Asie en apportent le témoignage.
Ceci n’empêche que le problème est d’abord et essentiellement nôtre, que ce qui se passe en Angola, au Mozambique, en Rhodésie du Sud, en Afrique du Sud… s’inscrit en faux contre tout ce que nous proclamons, s’oppose à des aspirations les plus légitimes, et se dresse là comme une injure à toute notre âme d’Africains.

Il est temps, il est grand temps d’en finir; notre organisation commune doit en faire sa première préoccupation, et décider, ici même, le recrutement dans nos Etats, de volontaires pour la libération de ces territoires, engager les gouvernements à assurer le transport sans restrictions des armes et munitions destinées aux patriotes, et à alimenter un Fonds Commun de Solidarité pour soutenir nos frères engagés dans le combat de libération.
Chers frères, dans ce domaine, comme dans celui de l’organisation commune que nous entreprenons, la conférence d’Addis-Abeba se doit de rejeter les sentiers battus des forums interminables et creux qu’ont été, hélas, bien des conférences africaines.
Il y va de la dignité de notre Afrique, du sérieux de notre organisation commune.
Je ne saurais poursuivre sans attirer à votre attention le danger des subversions en Afrique. En effet, vous savez que dans certains Etats résident des nationalistes d’autres Etats, actuellement indépendants. Si nous voulons réellement réaliser l’unité africaine, basée d’abord sur la confiance des uns vis-à-vis des autres, il est essentiel que cette situation puisse trouver une solution. Ce que nous pourrons recommander, c’est de ne pas perdre de vue que l’unité africaine passe d’abord par l’unité nationale. Il serait souhaitable que les Etats africains dont certains ressortissants ont été obligés de se réfugier à l’extérieur, leur tendent la main et leur facilitent le retour au foyer et dans la Patrie commune.
Dignité des Africains colonisés, et aussi unité des Etats ici représentés ! La tâche n’est pas facile. Les expériences des uns et des autres concourent à reconnaître la nécessité de la création d’une harmonisation là où l’on peut, et aussi poussée que possible.
A cet égard, notre délégation salue avec joie les résultats des travaux de la Conférence préliminaire des ministres des Affaires étrangères, ses recommandations qui ont exposé en termes clairs les divers aspects de la coopération interafricaine, et que pour ma part je m’interdis de reprendre à cette illustre tribune.
Notre attention ici portera sur la création du Comité économique et social qui étudiera et organisera la coopération dans les domaines économique, social, culturel, ainsi que dans le cadre des communications et des transports. Dans le cadre des attributions de ce Comité pourrait être trouvée une solution heureuse au problème préoccupant de l’organisation et des modalités d’octroi de l’aide extérieure.

Ainsi, dans le domaine du commerce extérieur, le Comité œuvrerait à l’harmonisation rapide des nomenclatures douanières, à l’organisation d’un système international de transit, et encouragerait la coopération administrative en matière douanière. Le Comité économique et social entreprendrait l’étude des possibilités d’harmonisation de législation commerciale en vue d’éviter la double imposition. En même temps, il mettrait en place une Organisation de l’aviation civile et pourrait convoquer une conférence en vue de la création d’une compagnie africaine de navigation maritime. C’est ce comité aussi qui pourrait se charger de créer une Organisation africaine de banque.
Il mettrait un soin particulier à étudier les possibilités de création d’une Communauté Economique Africaine avec, y compris, les effets des groupements économiques extérieurs sur l’économie de notre pays.
De même, il est de première urgence d’organiser la défense des prix de nos matières premières par la création d’un Fonds commun de stabilisation des prix.
La recherche systématique des moyens de coordination des plans de développement tant à l’échelon du continent qu’à celui de la région dans les domaines de l’industrialisation, des transports, de l’énergie, demeurera l’une des tâches les plus importantes de ce comité.
Honorables frères, les activités que voilà aideront, j’en suis sûr, à dégager progressivement une attitude commune face aux problèmes économiques mondiaux, et mèneront à la formation d’un front commun dans les conférences économiques internationales, pour la défense des intérêts de nos peuples et de nos Etats.

Sa Majesté, Monsieur le Président, j’ai paru insister sur les questions de coordination économique ; je ne sous-estime pas pour autant l’importance particulière des autres structures.
Je ne veux surtout pas négliger les conceptions politico-économiques dans un monde et un domaine où se précisent jour après jour les tendances assimilatrices que nous connaissons. J’ai bon espoir que dans tous nos débats, nous demeurerons vigilants pour ne pas donner prise à de telles manœuvres : l’Afrique trouvera son salut dans l’application quotidienne scrupuleuse du non-alignement entre les deux grands blocs.
Les Etats africains unissant leurs efforts doivent élaborer une politique africaine indépendante, ce dans tous les domaines, et au regard de laquelle un Etat non africain, une puissance ou un groupe de puissances sera libre de se définir. Ensemble, nous devrons prendre en même temps que l’engagement solennel de réaliser l’unité et la coopération africaine, celui de ne jamais faire de notre organisation l’instrument d’un Etat ou d’un groupe d’Etats. Je ne veux point ignorer non plus les autres domaines, où, quelles que soient les difficultés, les Etats peuvent œuvrer ensemble et unir leurs efforts.
Mais il en est un, où la coopération a été fructueuse : c’est celui de nos peuples, plus particulièrement de nos organisations de masse. La coordination de leurs actions sur l’ensemble du continent a été le levain puissant de la lutte de libération de nos pays. Leur collaboration avec les frères d’Asie a imposé depuis des années déjà le Tiers-monde à la conscience internationale.
Ciment de l’unité de nos peuples encore colonisés, ils constitueront demain tout naturellement le ferment de l’Afrique nouvelle. Notre rencontre peut et doit suggérer une formule de coopération dans ce domaine, où l’affiliation, hélas, aux organisations internationales apparaît comme le principal obstacle à surmonter. Alliance horizontale d’abord au niveau de l’Afrique, coopération verticale ensuite avec les autres organisations internationales, telle est la position de la République du Mali.

Sa Majesté, Monsieur le Président et chers frères, je sais combien vous ressentez avec moi l’honneur que nous confie l’Histoire de bâtir l’Afrique libre, unie et prospère pour laquelle tant des nôtres ont payé de leur vie. C’est pourquoi tout au long des travaux, ma délégation et moi-même joindrons notre enthousiasme au vôtre pour l’honneur, la liberté et l’unité de l’Afrique.
Dans quelques jours nous nous séparerons, après avoir arrêté des décisions, voté des résolutions qui soulèveront beaucoup d’espoir en Afrique, bien des appréhensions dans d’autres parties du monde, mais aussi provoqueront bien des sourires sceptiques. Aux noms de nos peuples, nous aurons pris des engagements pour la coopération de nos Etats, des engagements en faveur de nos frères écrasés sous le joug de la domination coloniale ou de l’humiliation raciale. Bousculant tous les obstacles, méprisant toutes les pressions, nous devrons alors passer, point par point, aux actes concrets, n’ayant en vue que les idéaux de libération et d’unité africaines. Dans cette exaltante tâche. Sa Majesté et chers frères, vous trouverez à vos côtés le peuple du Mali, son parti, ses organisations populaires et son gouvernement, car la meilleure expression des sentiments d’honneur et de dignité pour les peuples libres que nous sommes, c’est la fidélité agissante aux engagements auxquels nous avons librement souscrit.

Modibo Keita, premier président de la République du Mali


Non ! stop ! le terme Diaspora est impropre à l’Africain

La désignation ‘Diaspora Africaine‘ est à bannir de notre langage quotidien, car il est totalement inapproprié aux fils et filles de l’Afrique d’aujourd’hui. Il est très courant d’entendre, ici et là, nous les Togolais, les Camerounais, les Congolais de la diaspora, etc. Non mes frères et sœurs, nous sommes les Ivoiriens de l’extérieur, la communauté gabonaise de l’Europe, les Béninois des Etats-Unis, mais nous ne sommes nullement les Africains de la diaspora. Ce terme nous a été collé comme une étiquette et, par naïveté ou ignorance les fils de l’Afrique ne se demandent jamais pourquoi aucun autre peuple ne se désigne par ce vocable. Il est rare d’entendre les Occidentaux se réclamer de la diaspora même s’ils vivent à des milliers de kilomètres de chez eux.

Alors que signifie « la Diaspora » ? Elle est définie par le dictionnaire comme : « L’ensemble des communautés juives exilées. » Dans son livre Géostratégie africaine page 65, Pr Jean-Paul Pougala stipule que : « Le mot diaspora désignait dans l’Antiquité la dispersion des juifs (sans terre) » Ainsi, le terme a été élargi à d’autres peuples tels que : la diaspora palestinienne, arménienne. Selon le Pr Pougala, le terme ‘diaspora africaine’ désigne essentiellement les populations africaines déportées comme esclaves du XVIe au XIXe siècle.

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Crédit photo: Facebook (auteur inconnu)

Nous, les Africains vivant sur le sol de l’Occident ne sommes pas la diaspora africaine car : 1. Nous n’avons pas été déportés, 2. Nous avons une terre, la mère des terres, la terre qui attire toutes les convoitises : l’Afrique, le vieux continent. Nous sommes les Noirs d’origine africaine en Europe ou en Asie, la communauté africaine des Etats-Unis, mais nous ne sommes nullement les Africains de la diaspora, il faut que cela soir clair.

Le plus marrant dans cette histoire, est que même les Israéliens chez qui, elle trouve son essence, ne se réclament plus de la diaspora, mais des juifs des Etats-Unis, de France où d’Afrique (Ethiopie).  Mieux, les Blancs de l’Afrique du Sud ou du Zimbabwe se réclament comme le peuple blanc de l’Afrique et non comme les Blancs de la diaspora.

Cette aliénation a trop duré, il est temps pour nous la jeunesse africaine de rectifier le tir, de changer de paradigme. Ce qui me désole de plus, à ma connaissance aucun spécialiste de la langue de Molière n’a apporté, à une très grande échelle,  une correction à cette acculturation.

Ici et maintenant, parce que c’est un devoir de génération je convie singulièrement la jeunesse africaine et généralement les médias, la presse, les intellectuels, les sportifs, les artistes, les politiques en un mot tous les fils et filles de l’Afrique à bannir le terme ‘ les Africains de la diaspora’ de nos langages de tous les jours car ‘diaspora’ n’est pas synonyme de ‘l’étranger’, ni ‘d’outre-mer’. En lieu et place, nous recommandons : la population d’origine africaine, les Africains de l’extérieur ou encore la communauté africaine de l’étranger.

 

« Nos descendants ont des droits sur nous »

Washington DC, le 18-05-2015

Issa Balla Moussa Sangaré

Panafricaniste


Chaque fils d’Afrique doit rencontrer Pr Jean-Paul Pougala

Réinventer les Industriels Africains de Demain (RINVINDAF) Montréal 2.

 

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Blogueur Issa Sangare et le Pr Jean Paul Pougala. Crédit photo: Issa

En 5 jours, les gens sont venus des quatre coins du monde pour un atelier de formation avec le Pr Pougala. Au total il y avait plus de cinquante participants. Il y en a qui sont venus des USA: de la Californie, un couple avec leurs deux enfants sont venus de Houston et ils ont conduit 3 jours, de Washington DC, de Virginia de New York. Les frères et sœurs du Canada: Montréal, Toronto, Alberta, Ottawa etc De l’Europe également: France, l’Italie, Espagne et Bruxelles, pourquoi? car c’est la dernière formation du Pr Pougala sur la terre occidentale. Le Pr Pougala a décidé de ne plus faire de formation en dehors de l’Afrique, la mère des terres. Il avait l’habitude de former en Europe, en Amérique, en Asie et Afrique, mais ce temps est aboli d’après celui qui a besoin d’eux peut leur rejoindre en Afrique.

Il y avait toute les nationalités et malheureusement j’étais le seul Malien parmi beaucoup d’ivoiriens, camerounais, Guinéens, Tchadiens, Togolais, Béninois, Burkinabé, Sénégalais, Nigériens etc. Je dis malheureusement car j’aurais aimer voir plusieurs Maliens avec moi pendant ces 5 jours comme ce qu’ont fait les autres nationalités.
Ceci dit, il ne m’a jamais été difficile d’écrire un billet comme celle-ci. En toute franchise, je n’ai pas de mot pour écrire ce que j’ai appris, tout ce que je sais c’est une expérience qui se vit. On ne peut l’expliquer. Ce rarissime intellectuel africain Pr Pougla, je l’ai connu grâce au Pr Issa N’Diaye il y a deux ans de cela et dès lors je suis devenu un des ses adeptes. Je dois l’avoué au tout début je lui croyais fou.

En toute sincérité, en toute honnêteté je n’ai jamais et au grand jamais rencontré durant toute mon existence ici bas, virtuellement ou physiquement un personnage pareil comme lui et toute couleurs et nationalités confondues (noir, blanc, jaune, rouge). Vous n’allez sûrement pas me croire à ce que je raconte ici mais le sieur Pougala est très très très très très très…… ………………………………………….. ………………………………………..très très très très très très très……………… ………………………………………………………très très très très très fort, au sens noble terme ou de la logique je n’ai pas de mot pour décrire sa personne. Une encyclopédie ambulante dotée d’une mémoire d’éléphant, il est d’une rareté inouïe, un comme lui dans chaque état africain, je vous le promets l’Afrique va se relever.

Ici et la, à travers ces quelques lignes, je convie tous mes frères et sœurs Africains, jeune, vieux, intellectuels ou incultes d’aller au pèlerinage chez le Pr Jean-Paul Pougala, oui je le réitère c’est un pèlerinage la formation de Pr Pougala.

Comme j’ai l’habitude de le dire je suis un panafricaniste d’obédience président Modibo Keita, Dr kwame NKrumah et c’est maintenant d’obédience Pr Jean Paul Pougala également.

Le périple continue, le jeune panafricaniste que je suis, continue avec sa recherche du savoir auprès de ses aînés et aïeux Africains, comme on le dit la fin d’une aventure est le début d’une autre.

Let’s keep rolling

Montréal, Canada
le 10-05-2015
Issa Balla Moussa Sangare

 


A mes frères de sang de l’Afrique du Sud

Credit: canadalibre.ca
Credit: canadalibre.ca

Rouge est le sang des Noirs’ est l’intitulé du bouquin du célèbre romancier sud-africain Peter Abrahams, devait-il écrire : Rouge est le sang de mes frères noirs africains ?

Chers frères de sang,

En 1994, l’auteur de ces quelques lignes n’avait qu’à peine 10 ans. Il  jubilait avec ses grands-frères devant le petit écran pour célébrer la victoire de l’ANC (African National Congress), de Nelson Mandela et de toute l’Afrique. Et oui c’était une victoire pour toute l’Afrique, car dans votre lutte pour la  libération, le peuple noir sud-africain n’a jamais été seul. Sur ce ‘long chemin vers la Liberté’ comme le disait Madiba, toute l’Afrique s’est mobilisée comme un seul homme pour vous épauler. D’ailleurs, il serait juste de vous demander si l’Afrique a déjà été aussi solidaire dans une autre cause que l’apartheid. De facto, vous, mes frères de sang de l’Afrique du Sud, vous êtes débiteurs d’une dette de reconnaissance envers tout le continent noir.

Mes frères de sang,

Steve  Biko, figure emblématique des mouvements de résistance en Afrique du Sud pendant l’apartheid, nous disait : « Quand  je tourne le bouton de ma radio, que j’entends que dans les forêts du Pondoland quelqu’un  a été battu et torturé, je dis qu’on a nous menti : Hitler n’est pas mort ; quand je tourne le bouton de ma radio, que j’entends que dans une prison quelqu’un a glissé sur une savonnette, est tombé et est mort, je dis qu’on nous menti : Hitler n’est pas mort, on peut le trouver à Pretoria

Moi, jeune Africain : « Quand j’allume mon petit écran, que j’entends que dans les banlieues de Durban qu’un Somalien ou Éthiopien a été lynché, je dis qu’on a nous menti : Hitler n’est pas mort ; quand je connecte mon ordinateur via internet, que j’entends que dans les banlieues de Johannesburg qu’un Ghanéen ou Nigérian a été brûlé vif, je dis non qu’on nous menti : Hitler n’est pas mort, on peut le trouver en Afrique du Sud.» Je suis totalement déboussolé, sous quel vocable devrais-je placer vos actes de barbarie, inhumain contre vos propres frères noirs : xénophobie ou l’apartheid version race noire de l’Afrique du Sud ? Rien ne peut et ne pourra justifier vos actes odieux, criminels, sadiques contre vos propres frères de sang, de la couleur noire, de la terre commune. Le rêve de faire de l’Afrique Sud : « Une nation arc-en-ciel », comme le disait l’archevêque Desmond Tutu  est-il déjà devenu  une antériorité ?  Un mythe ?

Peuple de l’Afrique du Sud, il est vraiment temps de faire l’amende honorable.

Par votre frère Africain, votre frère de sang.

Issa Balla Moussa Sangaré

Washington DC, le 21-04-2015


Lettre ouverte à Son Excellence Boni Yayi, président du Bénin

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Crédit photo: google/wikipedia

 

Son Excellence,

De prime abord, j’aurais aimé vous écrire dans autre une circonstance en vous félicitant pour avoir été démocrate,  pour le respect la constitution en ne briguant pas un troisième mandat. Malencontreusement c’est avec une tristesse inouïe, un cœur serré et meurtri que j’ai décidé d’ébaucher ces quelques lignes.  Je dois l’avouer, j’ai abdiqué à moult reprises du début jusqu’à la fin car une question me revenait tout le temps à l’esprit : est-ce la peine ? Mais je devais terminer cette lettre pour la mémoire des étudiants de l’université de Garissa du Kenya.

Son Excellence,

Après l’attentat contre le journal satirique français ‘Charlie Hebdo’, vous aviez décrété un deuil national de trois (3) jours sur l’ensemble du territoire Béninois. En Outre, vous vous êtes déplacés pour la grande marche républicaine organisée par le chef d’Etat français pour dénoncer cet acte barbare, ignoble contre les citoyens Français, chose que nous avions également condamné. Par ailleurs, nous avions été choqués par votre silence après la tuerie perpétrée par les islamistes d’El Shabab dans l’enceinte de l’université de Garissa : « 148 jeunes étudiants Africains froidement tués ». Nous, la jeunesse Africaine, attendait  de vous une sortie médiatique en grande pompe pour dénoncer cet acte criminel, sadique, mieux, nous prévoyions de votre part une déclaration de deuil national en guise de sympathie pour ce pays frère.

charli hebdo
Crédit photo: facebook

 

Son Excellence,

En paraphrasant Modibo Keita qui, disait que : « Senghor est plus français que le plus français des français », M. le président je me demande si vous n’êtes également pas  plus français que le plus français des français. Comme disait Faidherbe : « l’Afrique produit des hommes, faisons de ces hommes des français heureux et fier de l’être » M. le président êtes-vous plus français qu’Africain ? La vie d’un Français compte plus pour vous que celle d’un Africain ? Devons-nous regretter la colonisation ? Faidherbe a-t-il eu gain de cause ? Sommes-nous devenus des français heureux et fier de l’être ?

Son Excellence,

Comment terminer cette lettre sans mentionner vos pairs de l’Afrique francophone, cela avec qui vous étiez à Paris pour la grande marche contre le terrorisme à savoir : Son excellence Ibrahim B. Keita du Mali, Son excellence Ali Bogon du Gabon, Son excellence Faure Gnassingbé du Togo, Son Excellence Maky Sall du Sénégal et Son excellence Mamadou Issoufi du Niger.

Le sage proverbe bambara nous dit : « La pintade suit la nuque de sa devancière ». Vous êtes censés être nos leaders, nos guides, nos références, nos repères etc. Devons-nous faire comme vous ? Vouer à la cause Française qu’Africaine,  devons-nous suivre vos pas ? D’être plus solidaire envers la France qu’aux pays frères africains. Devons-nous être comme vous avoir une maitrise de la langue de Molière plus le citoyen français lambda. A chaque fois que certains d’entre vous parlent le français, il nous faut consulter notre dictionnaire.

Nous, la jeunesse africaine, nous ne nous reconnaissons nullement en vous. Qu’avez-vous fait de l’Afrique de Kwameh Krumah, de Modibo Keita, de Sékou Toure  et de Cheick Anta Diop ?

A la mémoire des universitaires de Garrisa et de les autres civiles qui ont perdu leur vie par la barbarie des islamistes ici et ailleurs.

 

Washington DC, le 15-04-2015

Issa  Balla Moussa Sangaré

Panafricaniste

 

 


L’acculturation malienne

Depuis 1968, le Mali assiste à une perte collective de ses repères et à une instrumentalisation de son histoire.

Le drapeau national du Mali. Crédit:com
Le drapeau national du Mali. Crédit:com

L’histoire postcoloniale du Mali est et reste un fait très méconnu par la population malienne et singulièrement la jeunesse. Cette déculturation a atteint son summum le 19 janvier 2015,  en effet, dans son allocution (voir annexe), le président Ibrahim Boubacar Keita a laissé entendre je cite : « Le 20 janvier 1961 est perçu comme marquant le départ du dernier soldat français. » Que nenni ! Comment le président IBK peut-il confondre le 20 janvier 1961, la fête de l’armée et le 5 septembre 1961 la date de départ du dernier soldat français du sol malien ? Diantre est-il conseillé ? Comment pouvez-vous comprendre qu’en 2015,  cinquante-cinq ans seulement après l’indépendance, le président de la République, celui-là même qui se dit historien, n’est pas en mesure de donner la différence entre ces deux dates et événement historiques : la fête de l’armée (20 janvier 1961) et le départ du dernier colonial (5 septembre 1961).

Et pourtant, lorsqu’on pose aux Maliens, la question suivante : Quel évènement majeur s’est-il passé en 1235 ?  Sans hésitation, principalement, ceux qui ont le niveau CEP (Certificat d’études primaires) répondront : la bataille de Kirina qui s’est soldée par la victoire de Soundjata Keita sur le Soumaoro Kanté. Pire, demandez à tout élève malien qui, a eu son baccalauréat l’auteur de la phrase : « La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu une guerre. » Il répondra aisément que c’est l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle sur les ondes de la BBC (British Broadcasting Corporation) depuis Londres.

Les dates et les événements de 1235 et 1940 sont suffisamment connus, mais les faits postcoloniaux, surtout les événements historiques tels que : la fête de l’armée du Mali et le départ du dernier soldat français qui font et qui faisaient la fierté de nos pères de l’indépendance restent et demeurent soigneusement occultés, c’est ce que je mets sous le vocable de « l’acculturation malienne. » Il y a eu une véritable opacité sur l’histoire du Mali indépendant, or Amadou Seydou Traore  nous dit : « Aucun peuple ne peut se passer de son histoire et toute entorse faite à l’histoire d’un peuple est une agression à l’encontre de son patrimoine, donc de l’un des aspects les fondamentaux de son identité nationale ».  C’est juste inadmissible et inacceptable que le Malien a en mémoire la date de la bataille de Kirina soit huit siècles avant l’indépendance et l’appel du 18 juin 1940 et qu’il méconnaît l’histoire récente. Les événements postcoloniaux héroïques font partie intégrante de notre histoire. La présidence de Modibo Keita et l’histoire de la République du Mali l’histoire postcoloniale de notre nation doit être professée à l’école au même titre que l’histoire précoloniale et coloniale. C’est un droit fondamental et primordial pour les tous les Maliens de connaître les actes posés par le président Modibo Keita, le père de la nation malienne.

  • Le 20 janvier 1961 : la fête de l’armée du Mali  

Le  20 janvier 1961, le président Modibo Keita convoqua dans la salle du Conseil des ministres de Koulouba l’ensemble des corps diplomatiques devant lesquels y compris l’ambassade de France. Il s’adressa au pouvoir français à travers son ambassadeur pour évacuer les troupes françaises du territoire malien. C’est la commémoration de ce discours de notre très cher premier président prononcé devant les corps diplomatiques le 20 janvier 1961 que nous célébrons comme fête de l’armée et non  comme le jour de l’évacuation du dernier soldat français du territoire malien.

  • Le départ du dernier soldat français

C’est le 5 septembre 1961 après la descente du drapeau colonial français que le dernier soldat français quitta le Mali. Et c’est ce même jour à la base aérienne de Bamako que le général Soumaré commanda à son tour la montée du drapeau malien pour l’éternité; moment de joie et de fierté. Malheureusement, ce jour historique du 5 septembre 1961, le président Modibo Keita était en déplacement à Belgrade pour la première conférence des Pays non alignés.  Ci-dessous le télégramme qui lui a été envoyé :

Au Président Modibo Keita -Belgrade- ;

« Parti, peuple et gouvernement sont heureux de t’annoncer évacuation totale territoire par derniers éléments des forces armés françaises, ce jour 5 septembre 1961-stop- Sommes fiers de t’avoir comme guide, et cet événement, que tu as préparé avec tant de détermination, est une victoire de plus remportée par le peuple du Mali et son parti, résolument engagés dans le combat pour la paix, la consolidation de l’indépendance et la construction nationale -Stop- Sommes plus que jamais confiants dans triomphe lutte pour l’Unité africaine et coopération fraternelle avec tous peuples.

Fraternellement »

 

Modibo Keita, crédit photo: afribone.com
Modibo Keita, crédit photo: afribone.com

« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. » Dixit Winston Churchill. Oublier ces deux événements mémorables, ou encore les confondre ne peut être que de l’ingratitude et de l’indécence sur la mémoire des pères de l’indépendance, les libérateurs du Mali, le président Modibo Keita et ses compagnons.

L’enseignement de l’histoire, surtout de la vraie histoire se présente comme une obligation, car celle-ci permettra au Malien d’aujourd’hui de se reconnaître, de se redéfinir, de se comparer au Soudanais d’hier, de se savoir, d’analyser le monde dans lequel il vit,…

L’enseignement de la vraie histoire du Mali ne doit pas être une option, mais une obligation. Nous ne devons en aucune manière accepter de plus que nos dirigeants falsifient notre histoire  pour non seulement mieux limiter nos visions des choses, mais aussi pour nous transformer en purs consommateurs.

Démuni de sa vraie histoire, le Mali se retrouve être l’objet le plus manipulable

« Nos descendants ont des droits sur nous »

Washington DC, le 28-01-2015

Issa Balla Moussa Sangaré

 

Annexe : 54 e anniversaire de l’armée nationale : Message à la nation de SEM Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République, Chef suprême des armées (Koulouba, le 19 janvier 2015). Le lien :https://www.koulouba.ml/54eme-anniversaire-larmee-nationale-message-nation-sem-ibrahim-boubacar-keita-president-republique-chef-supreme-armees-koulouba-19-janvier-2015/

La vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=mgVBIqKco4M

 


A Quand la fin de l’amateurisme autour du président IBK ?

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Le président IBK, crédit photo: www.koulouba.ml

L’on se rappelle en marge du sommet Etats-Unis-Afrique du mois août 2014, le président Ibrahim Boubacar Keita avait reçu en audience un ancien membre du Congrès Américain un certain Elston Bird selon la cellule de communication de la présidence, que nenni ! En réalité, l’ex-congressman reçu par le président IBK s’appelle Earl Pomeroy. Alors d’où sort ce fameux nom ? En effet, ‘Alston and Bird’est l’enseigne du cabinet d’avocat où travaille M. Earl Pomeroy ancien membre du congrès Américain. Diantre ! Comment-ont- ils avancé l’enseigne de son employeur comme son nom ? Ce fut la bourde monumentale de l’année 2014 de la cellule de la communication de la présidence Malienne.

Pis, sur le site de la présidence de la république du Mali (www.koulouba.ml), dans l’article intitulé « 54eme ANNIVERSAIRE DE L’ARMEE NATIONALE : Message à la Nation de SEM Ibrahim Boubacar KEÏTA.» Sous la deuxième photo du président IBK, il est mentionné : « SEM Ibrahim. B. TOURE, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef suprême des Armées.» Mon Dieu ! J’hallucine ou quoi ? Depuis quand le président IBK a changé de nom de famille de Keita à Touré ? Personnellement, je ne m’en souviens point, par ailleurs, ce que je sais le nom de famille de l’ancien locataire de Koulouba est TOURE. Il s’agit du prédécesseur d’IBK, le général Amadou Toumani Touré dit ATT. Comme ça, les responsables de la communication de la présidence modifient, du jour au lendemain, le nom du président de la république en Ibrahim Boubacar TOURE en lieu et place de Ibrahim Boubacar Keita, quelle erreur ? Quel dilettantisme ?

Les années passent, les mêmes erreurs se répètent. L’on a tendance à le dire : « une fois n’est pas coutume », mais deux fois il y a lieu de se poser des questions. A quand la fin de cet amateurisme autour du président IBK ?

Qu’est-il arrivé au Mali ? Qu’avons-nous fait du Mali de Modibo Keita ?

Washington DC, le 25-01-2015
Issa Balla Moussa Sangaré

Site de la présidence de la république du Mali. Crédit:koulouba.ml
Site de la présidence de la république du Mali. Crédit:koulouba.ml