Issa Balla Moussa Sangare

Mali : des projets morts nés

Présidence de la République du Mali, Crédit: google.com
Présidence de la République du Mali, Crédit: google.com

En économie et en marketing le cycle de vie d’un produit est de quatre phases: le lancement (launch), la croissance (growth), la maturité (maturity) et le déclin (decline), force est de reconnaître qu’il existe également des produits dont le cycle de vie ne dépasse pas deux phases : le lancement et le déclin, du lancement ils vont directement au déclin. Ces genres de produits s’appellent des produits morts nés. Plusieurs facteurs peuvent être les causes de cette mauvaise expérience : manque d’études de faisabilité, méconnaissance des habitudes, de la culture et des besoins de la clientèle visée etc.

Qu’est ce qu’un projet ? Nous pouvons définir le projet comme étant un ensemble de moyens matériels, financiers et humains mis en œuvre en vue de répondre à des objectifs précis. Il est en général limité dans le temps et dans l’espace.

Un second projet mort né: la commission dialogue et réconciliation

Après un premier projet mort né qui était la mise en place des organes de la transition à savoir: Un Haut conseil d’Etat (HCE); un Conseil national de transition (CNT); et une Commission nationale aux négociations (CNN), un second projet mort avait vu le jour : la commission de dialogue et réconciliation.
Suite à la publication du décret N° 2013-325/P-RM du 10 avril 201, portant nomination des commissaires de la commission de dialogue et réconciliation, les réactions n’avaient pas tardé à tomber de part et d’autre. Du COREN (collectif des ressortissants du Nord), à l’association des veuves et victimes guerre et à la COPAM (Coordination Nationale des Organisations Patriotiques du Mali), tout en passant le COPA (Collectif des patriotes) c’était le même slogan « non à la composition de la commission dialogue et réconciliation ». Malgré la divergence entre ces associations et mouvements, force est de reconnaître qu’ils étaient tous unanimes sur le mauvais choix des membres de la dite commission et la non-représentativité des communautés ou couches sociales pouvant mener à bien cette commission de dialogue et réconciliation.

Le choix des membres de la commission

Nous ne savons pas sur quelle base ou bien quel genre de consultation ils avaient fait au sommet de l’état pour arriver au choix du président de la commission M. Mohamed Salia Sokona et ses vice-présidents.
Etait-il pour autant l’homme de la situation ? M. Mohamed Salia Sokona ancien ministre de la Défense (1997 à 2000). Nous savons tous qu’une grande partie de la société civile tient pour responsable bon nombre d’anciens ministres des 2 dernières décennies de la débandade de l’armée nationale, d’autant plus un ancien ministre de la défense sous l’ère Alpha Oumar Konaré .
Une autre remarque de taille sur les membres de la commission dialogue et réconciliation est l’absence des religieux Mahmoud Dicko et Cherif Ousmane Madani Haidara du haut conseil islamique et enfin de l’archevêque de Bamako Jean Zerbo. Et pourtant depuis le début de la crise jusqu’à nos jours ils ont été associés à tout, ils étaient même parmi le lot de Malien qui ont fait le déplacement sur Ouagadougou pour le dialogue inter-malien.

La commission dialogue et réconciliation pèse 25 millions de FCFA par an

1 650 000F Cfa par mois pour le président de la Commission dialogue et la réconciliation, 1 200 000F Cfa pour chacun des deux vice-présidents, 550 000F Cfa pour chacun des trente commissaires par mois. Un an après la mise en place de la dite commission aucun impact sur la crise sociopolitique, aucun rapport, aucune feuille de route, aucune action digne de ce nom qu’on peut mettre à son actif… Et le changement de statut de dénomination de la dite commission qui, sera dorénavant ‘Commission Vérité, Justice et Réconciliation’, est-il un présage pour nous dire que le projet est déjà mort ?

Et cette nomination de l’ex Premier Ministre M. Modibo Keita comme le Haut représentant du Président de la République dans le dialogue inter-malien, est-elle un signe pour se démarquer de la commission dialogue et réconciliation mise en place par le président intérimaire?
Pour mémoire ils ont été investis pour une durée deux ans, les membres de la commission dialogue et réconciliation perçoivent- ils régulièrement leurs salaires ? Si oui pourquoi aucun rapport après un an de travail ? Si non, la commission est-elle officieusement dissoute ?

Le premier projet mort né

Le président de la transition le Pr Diouncouda Traore après sa convalescence en France, était retourné à Bamako avec un projet. Son projet était de mettre sur place les organes de la transition à savoir : Un Haut conseil d’Etat (HCE) constitué du président de la République par intérim et de deux vice-présidents; un Gouvernement d’union nationale (GUN) composé par des les représentants des forces vives; un Conseil national de transition (CNT) composé des représentants des partis politiques présents ou pas à l’Assemblée Nationale, avec un rôle consultatif; une Commission nationale aux négociations (CNN). Il avait par ailleurs affirmé que ces organes citées ci-haut verront le jour deux (2) semaines après la formation du gouvernement d’union national (GUN). Ce gouvernement d’union national tant espéré avait vu le jour le 21 aout 2012 et, jusqu’aux élections présidentielles de juillet 2013 mais aucun autre organe n’avait vu le jour.

Un projet mort né tel la qualification qu’on peut donner à ce projet que voulait entreprendre notre président de la transition le Pr Diouncouda Traore. Quel allait être le statut et le pouvoir de ces vice-présidents vis-à-vis du premier ministre et du président de l’assemblée nationale? La création de ces postes de vice président n’allait-elle pas être un enfreint à la constitution de février 1992 étant donné qu’elle ne fait point référence à un poste de vice-président ? Quels allaient être les avantages de ces vice-présidents avant et après la transition ? Et quel statut allaient-ils garder après la transition ? Ancien chef d’état ou ancien vice-président ?

Du haut de ses 72 ans et de ses quarante années de vie politique, c’est difficilement concevable des telles erreurs de la part d’une référence en politique et en enseignement au mali qu’est le Professeur Dioncouda Traoré.

Vivement des projets dignes de ce nom pour un Mali Meilleur !!!!!!

Washington DC, le 19-08-2014
Issa Balla Moussa Sangaré


Les non-dits du sommet américano-africain

Le président Barack Obama, crédit: google.com
Le président Barack Obama, crédit: google.com

Lors du sommet Etats Unis-Afrique, le président américain Barack Obama a annoncé la mobilisation de plus 30 milliards de dollars à titre d’aide publique et d’investissements privés à destination de l’Afrique. La promesse de cette coquette somme a été reprise en grande pompe par les sites d’information en ligne, des réseaux sociaux, des blogueurs, etc. C’était le titre de phare de la semaine dernière : ‘Obama promet 30 milliards USD pour l’Afrique.

Pour investir un centime en Afrique, pour faire des dons, pour l’allocation des subventions… on mobilise tous azimuts la presse, les médias, la télé et la radio dans le but d’immortaliser l’événement. C’est l’Afrique qui reçoit tout le temps, c’est l’Afrique qui tend toujours la main, depuis la nuit des temps c’est l’Afrique qui se fait aider.

Malheureusement, on ne nous fait jamais apercevoir l’apport que l’Afrique mobilise pour les autres continents que ça soit en numéraire, en nature ou en espèce. Ils sont nombreux les contributions du continent noir, à savoir : les cultures d’exportation cacao, café, le coton, la banane, l’arachide, etc. Et nous allons nous permettre de paraphraser René Dumont qui disait que « les cultures d’exportation constituent un des piliers du pillage du continent noir. » Nos ressources rares et non renouvelables à savoir : l’or, le diamant, le pétrole, les ivoires, les bois, etc, nos minerais : le zinc, le phosphate, l’aluminium, l’uranium constituent tous des apports de l’Afrique pour les autres continents. Mais, malheureusement ils sont toujours passés sous silence. Rien : ni  à la télé, ni à la radio,  ni dans les journaux écrits, ni sur les sites d’information en ligne on ne mentionne l’apport non négligeable du continent noir pour les autres continents. Et pourtant, l’Afrique contribue beaucoup à la croissance et à l’émergence des autres continents.

Comment peut-on inviter quelqu’un et le faire dépenser ?

Pour une promesse de 30 milliards USD, il fallait pour le continent noir, via ses chefs d’Etat et gouvernements, payer à l’avance une facture sans bon de commande, ni bon de livraison. En d’autres termes, pour une promesse de 30 milliards UDS pour son développement l’Afrique devrait payer une caution, une garantie aux Etats-Unis.

Dans son article titré : « Sommet USA-Afrique : mépris et condescendance des Etats-Unis envers les chefs d’Etat africains » du 6 août 2014, Le HUFFINGTON POST, nous fait savoir que l’administration Obama n’a pas, pris en charge les chambres d’hôtel de leurs invités. Quid des autres délégations ? À savoir : les différents ministres et leurs conseillers, les conseillers et protocoles de nos chefs d’Etat, la presse locale pour la couverture de l’événement, etc.

Ils nous invitent chez eux dans le but de nous aider, mais en réalité ils nous ont fait dépenser l’argent du contribuable africain. Investir en amont dans l’économie américaine comme une sorte de caution ou de garantie pour avoir la promesse de 30 milliards UDS. Comment peut-on inviter quelqu’un et le faire dépenser ? Il fallait aux chefs d’Etat africains  booster l’économie américaine pendant au moins pendant une semaine.

Plus de 50 chefs d’Etat africains dans les suites présidentielles dans le « Downtown « (Centreville) du District of Columbia, les endroits les plus chics de Washington, DC. Une ville dans laquelle le coût de la vie est réputé parmi les plus élevés des Etats-Unis. Certains présidents africains sont arrivés avec plus de 10 ministres, des entrepreneurs étaient également dans le grand lot, la presse, les conseillers, les protocoles … Imaginez toutes les personnalités venues de plus 50 différents pays africains dépensant l’argent du contribuable dans les salons feutrés du Downtown du District of Columbia et ses banlieues le Bethesda et Chevy Chase.

La bizarrerie dans cette histoire est que les Occidentaux ne ratent jamais l’occasion de reprocher aux chefs d’Etat africains de dépenser sans compter l’argent public, mais cette fois-ci cet acte des dirigeants africains est passé sous silence. .

L’Afrique mon Afrique !!!!

Washington DC, le 15-08-2014
Issa Balla Moussa Sangaré


Le statut juridique de l’opposition au Mali

L’Assemblée Nationale du Mali, crédit: malijet.com
L’Assemblée nationale du Mali, crédit: malijet.com

« Nous voulons un statut juridique pour l’opposition malienne », réclament certains membres de cette mouvance ? Pourquoi une telle demande comme si l’opposition au Mali n’a jamais eu de statut. A noter que les partis de l’opposition au Mali sont dotés d’un statut juridique depuis l’année 2000. Le 18 juin 2000, l’Assemblée nationale du Mali a délibéré et adopté en sa séance la loi n°00-047 du 13 juillet 2000 portant statut des partis politiques de l’opposition en République du Mali (lire annexe).

L’Etat reste encore la seule vache à lait pour nos politiques

Vraisemblablement, le statut juridique de l’opposition malienne de juin 2000 n’est pas conforme ni à leurs idéaux, ni à leurs statures. De ce fait, la nouvelle opposition malienne s’est battue bec et ongles pour bien réformer, enjoliver, en un mot niveler ce fameux statut juridique à la hauteur, l’aspiration et la manigance de cette opposition.

Qu’est-ce qui a changé ?

En réalité rien n’a changé si ce n’est pas les avantages accordés au chef de l’opposition qui rendra encore notre Etat encore plus budgétivore. Selon le statut révisé : « Le chef de l’opposition est assimilé au 1er vice-président de l’Assemblée nationale. À titre exceptionnel, il dispose d’un cabinet dont la composition, les modalités d’organisation, de fonctionnement et les avantages sont fixés par décret pris en Conseil des ministres. Les crédits nécessaires à la prise en charge du chef de l’opposition et de son cabinet sont inscrits au budget de l’Etat. »

Pour mémoire, une marge non négligeable du budget national est accordée annuellement aux politiques. La loi N°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques en République du Mali stipule : qu’une aide financière à hauteur de 0, 25 % des recettes fiscales du pays soit versée annuellement aux partis politiques par l’Etat. Cette allocation annuelle peut souvent avoisiner souvent 2 milliards de F Cfa.

En plus du financement annuel des partis politiques, le président de l’Assemblée nationale reçoit mensuellement la coquette somme de 25 millions de F Cfa et chaque parlementaire gagne 2, 5 millions de F Cfa par mois.

Comme quoi, l’Etat reste la seule vache à lait pour s’enrichir licitement ou illicitement. La bizarrerie est que, le Mali est classé par les institutions de Bretton Woods parmi les pays pauvres et très endettés (PPTE).

Bien évidemment, La démocratie, vue comme la forme de gouvernance la plus appropriée de nos jours, ne sert que de moteur à la montée en puissance progressive de plus de manigances politiques et financières au profit des représentants et soi-disant défenseurs de nos populations.

Dès lors, l’individu ordinaire malien pense que la seule mission de la démocratie malienne n’est que de renforcer le fossé de l’injustice, et de l’inégalité sociale. Pire, certains continuent à la concevoir comme une machine de destruction massive des citoyens ordinaires, et d’autres le regardent comme le moyen plus efficace pour perpétuer l’asservissement des plus vulnérables.

Washington DC, le 12-08-2014
Issa Balla Moussa Sangaré

Annexe :Loi n°00-047 du 13 juillet 2000
Portant statut des partis politiques de l’opposition en République du Mali
L’Assemblée nationale a délibéré et adopté en sa séance du 18 juin 2000 ;
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Chapitre 1 : Objet et définition
Section 1 : Objet
Article 1er : La présente loi a pour objet de conférer à l’opposition un statut juridique dans un cadre démocratique et pluraliste aux fins de contenir le débat politique dans les limites de la légalité et d’assurer l’alternance démocratique au pouvoir.
Section 2 : Définition
Article 2 : On entend par Opposition un ou plusieurs partis représentés ou non à l’Assemblée nationale, distincts du parti ou de la coalition de partis politiques qui soutiennent l’action gouvernementale.
Article 3 : Elle constitue un élément essentiel de la démocratie pluraliste.
A cet effet, elle est politiquement reconnue, juridiquement protégée et a, en conséquence, des droits et des devoirs.
Chapitre 2 : Droits et devoirs de l’opposition
Section 1 : Droits
Article 4 : Il est reconnu à tout parti ou coalition de partis politiques le droit à l’opposition.
Ce droit s’exerce aussi bien au sein qu’en dehors du Parlement.
Article 5 : Toutefois, tout parti politique appartenant à l’opposition peut participer à la formation du gouvernement ou soutenir l’action gouvernementale. Dans ces cas, il perd d’office sa qualité de parti de l’opposition.
Article 6 : Les partis politiques de l’opposition participent de plein droit à la vie des institutions publiques où ils siègent.
Article 7 : Les partis politiques peuvent être consultés sur les grandes préoccupations nationales sur lesquelles ils doivent se prononcer.
Article 8 : Les partis politiques de l’opposition ont un libre accès aux informations par voie d’audience spéciale dans les ministères et administrations publiques.
L’audience est accordée à la requête des partis politiques de l’opposition ou sur invitation des autorités.
Dans tous les cas, il ne peut y avoir dérogation aux dispositions relatives au secret professionnel et secret défense.
Article 9 : Les dirigeants des partis politiques de l’opposition peuvent recevoir ou être reçus par les membres des missions diplomatiques consulaires et des organisations internationales accrédités au Mali ainsi que les personnalités étrangères en visite régulière au Mali.
Toutefois, ces entretiens ne doivent pas comporter d’engagement contraire aux lois et aux intérêts de la République du Mali.
Article 10 : A l’occasion des cérémonies publiques, les responsables des partis de l’opposition ont droit aux considérations protocolaires et aux honneurs conformément aux textes en vigueur.
Article 11 : Il est reconnu aux partis politiques de l’opposition le droit d’établir des liens et d’entretenir des relations de coopération avec des partis étrangers ou associations politiques internationales dans le respect strict de la souveraineté nationale, des lois et règlements en vigueur,
Article 12 : Les partis politiques de l’opposition ont le droit de s’exprimer publiquement. A ce titre, ils ont accès aux médias d’Etat dans les mêmes conditions que les partis de la majorité. Ils exercent librement leurs activités de presse dans le respect des lois et règlements en vigueur.
Article 13 : Les droits de l’opposition sont inaliénables et imprescriptibles. Ils sont d’ordre public.
Section 2 : Devoirs
Article 14 : Sans préjudice des dispositions de la loi portant charte des partis, les partis politiques de l’opposition, comme tout parti politique, doivent agir en tous lieux et en toutes circonstances dans le respect de la Constitution, des lois et règlements de la République.
A cet effet, ils doivent en particulier :
– respecter les autorités légalement établies ;
– œuvrer à l’instauration d’une culture démocratique par l’information, la formation et l’éducation des citoyens militants ;
– veiller au respect des principes de la souveraineté nationale, de l’intégrité du territoire, de la forme républicaine de l’Etat, de l’unité nationale et de la laïcité de l’Etat ;
– cultiver le principe de la conquête démocratique du pouvoir, l’usage de la non-violence comme moyen d’expression de la lutte politique et le respect des biens publics et privés ;
– cultiver l’esprit républicain et le respect de la règle de la majorité.
Article 15 : L’opposition a le devoir de suivre l’action gouvernementale, de la critiquer de façon objective et constructive dans le sens du renforcement de l’idéal démocratique et du progrès,
Chapitre 3 : Dispositions particulières
Article 16 : L’Etat reconnaît que le choix politique est une affaire strictement personnelle et un droit inaliénable.
Article 17 : Nul ne peut faire l’objet de discrimination ou de sanction administrative en raison de son appartenance à un parti politique de l’opposition.
Article 18 : A la demande du Président de la République, un rapport annuel lui est adressé sur l’application des dispositions de la présente loi. Ce rapport est publié au Journal officiel.
Article 19 : La présente loi abroge toutes dispositions antérieures contraires.

Bamako, le 13 juillet 2000
Le Président de la République,

Alpha Oumar KONARE

Loi 00-047 Statut des partis politiques de l’opposition


Mali: Ma réponse au ministre de la communication M. Mahamadou Camara.

Pour mémoire, ces derniers temps, les rumeurs faisaient bon trait comme quoi le Boeing 737 du président de la république du Mali avait été saisi aux Etats Unis. D’après la presse locale et les internautes des réseaux sociaux, c’est la suite d’une visite technique que l’avion présidentiel aurait été saisi par le fisc américain pour les raisons non élucidées.
A l’accoutumé, ce gouvernement nous avait habitué à des démentis, des confirmations. Cette fois-ci, c’était le silence radio au palais de Koulouba, à la primature et chez les membres du gouvernement. Aucun communiqué officiel pour infirmer ou confirmer la prétendue saisie de l’avion de présidentiel.

Hier le 01 Août 2014, Le peuple malien a appris avec stupéfaction et indignation les propos non orthodoxes du Ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication du Mali sur son compte twitter :« Voyage en Mauritanie et aux usa à bord du Boeing 737 de la république du Mali. Contrôle technique OK. Dommage pour les aigris…. »

le tweet du Ministre Malien de la Communication
le tweet du Ministre Malien de la Communication

Monsieur le ministre, vous nous traitez d’aigris, nous sommes d’accord et nous en sommes fiers.

Oui il y a quoi être aigri, lorsqu’on se permet d’acquérir un nouvel avion à un coût de revient de 20 milliards de F cfa étant donné son pays est sous perfusion internationale.
Oui il ya quoi être aigri, lorsqu’on se permet d’acheter un nouvel avion étant donné le pays possède déjà un autre avion et dans une bonne condition.
Oui il y a quoi être aigri, lorsqu’à Mopti le Ministre de la communication nous dit que l’ancien avion présidentiel n’était pas en bon état, à l’Assemblée Nationale le PM nous dit que le Mali n’a pas un seul document officiel attestant que l’ancien avion présidentiel est une propriété du Mali. Tout le monde connait la suite, Mali est bel et bien propriétaire de l’ancien avion et, il se trouve dans un très bon état avec une assurance qui court jusqu’à en 2015.
Oui il y a quoi être aigri, lorsqu’à cause de l’acquisition de ce nouvel avion le FMI (Fonds Monétaire International, la BM (Banque Mondiale) et l’UE (Union Européenne) ont tous suspendu leurs différents décaissements pour le compte jusqu’au mois de septembre 2014.

Oui il y a quoi être aigri, lorsque le FMI conditionne un décaissement de fonds qu’à la suite d’un audit financier sur les dépenses publiques.
Oui il y a quoi être aigri, si l’état se permet d’acheter un nouvel avion alors ses soldats au front n’ont pas d’hélicoptère, pas d’avion de transport et il s’avère que nous sommes toujours en guerre contre le terrorisme et les narcotrafiquants.

Oui il ya quoi être aigri, lorsque le coût de revient total du nouvel avion présidentiel pouvait nous trouver 3 hélicoptères pour notre armée nationale.
Oui il y a quoi être aigri, lorsque vous les hauts d’en haut pensent que ce pays là vous appartient plus nous les bas d’en bas.
Oui il y a quoi être aigri, si vous-même M. le ministre vous êtes entrain de donner raison à vos détracteurs qui vous traitent d’amateurs et qui disent la jeunesse malienne n’est pas prête pour la gestion du pays.

Oui M. le Ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, il y a quoi être aigri.

Amadou Hampate Ba nous disait : « La vie n’est pas sans fin sur terre nous sommes des étrangers de passage hâtons-nous de recueillir la parole des aïeux avant qu’ils ne rejoignent leur demeure car un vieillard qui meurt c’est comme une bibliothèque qui brûle.»

Alors M. Le ministre, je vous prie de bien vouloir prendre conseil auprès notre ancien président de la république M. Alpha Oumar Konaré pour que vous puissiez apprendre de sa personne et de son expérience. Pendant ses 10 ans à la tête du Mali, on a tout dit sur le monsieur, il avait été traité par tous les noms, mais le monsieur n’a jamais infirmé ou confirmé quoi se soit. Un vrai démocrate, et le jour de son de Koulouba, il a tout simplement laissé entendre : « Beaucoup de choses ont êtes dites sur le monsieur, mais le monsieur là a beaucoup travaillé. »

Washington DC, le 02-08-2014
Issa Balla Moussa Sangaré


Où est la différence entre l’opération Barkhane et le projet d’état-major des pays sahélo-sahéliens du général ATT

ATT avait-il raison ?

Oui le général Amadou Toumani Touré avait raison, oui ATT n’a pas été compris. Reconnaître la vérité c’est aussi une grandeur, c’est aussi être homme.

A travers ces quelques lignes, j’aimerais rendre hommage à ce grand président incompris, à ce général visionnaire qui avait presque tout prédit avant de quitter le pouvoir dans les conditions que nous connaissons tous.

Lors du débat africain de RFI (Radio France Internationale) de mars 2012 ,tout juste avant le coup d’Etat, le général ATT était l’invité d’Alain Foka. Il affirmait qu’il avait été l’initiateur du pacte national de 1992, de l’accord d’Alger de 2006  et qu’il était prêt à signer un autre accord.

Mais qu’est-ce que le Mali est allé chercher en Alger le 16 juin 2014 ? Cette rencontre entre le gouvernement malien et les groupes armés du Nord n’a-t-elle pas pour objectif de trouver un nouvel accord entre les belligérants de la crise du Nord-Mali ? L’accord préliminaire d’Ouagadougou n’est-il pas un accord entre l’Etat malien et les rebelles du nord du Mali ?

Pour rappel, le général ATT avait laisse entendre lors du même débat africain : « Je n’aime pas le terme négocier, je préfère celui de dialogue. Un dialogue entre les Maliens, car les rebelles sont des Maliens. Je suis le président de tous les Maliens et même des rebelles. »

Quant au président IBK, il n’a pas expressément dit qu’il est le président des rebelles, mais nous avons été abasourdis de constater que certains rebelles se présentaient aux élections législatives sous les couleurs du parti présidentiel. De facto, ils sont devenus des parlementaires, et même membres de certaines commissions de l’Assemblée nationale.

Pour mémoire, ces rebelles ont les mains souillées de sang malien, ils ont violé nos mères et sœurs, ils ont coupé les mains et les pieds de nos frères et il sera difficile d’oublier ces ignobles faits.

Un commandement unique dans les pays sahélo-sahéliens

Lors de son second mandat, le général ATT s’est battu bec et ongles pour installer un état-major, un commandement unique, une coalition de défense et de traque contre le terrorisme dans les pays sahélo-sahéliens à savoir : l’Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Mali.

Il a dit à maintes reprises dit que la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-sahélienne ne saurait être efficace qu’avec une synergie  des 4 pays cités. Une synergie qui engendra des recueillements de renseignements, des échanges des informations, des patrouilles collectives, la sécurisation des frontières, le droit de poursuite des terroristes ou groupes terroristes au-delà des frontières, des formations conjointes, etc.

Il a toujours dit que le Mali seul ne peut pas combattre ce réseau, il alla plus loin en disant qu’aucun pays de la bande sahélo-sahélienne ne saura vaincre seul les terroristes et les narcotrafiquants.

L'opération Barkhane ne image, crédit photo: lepoint.fr
L’opération Barkhane  image, crédit photo: lepoint.fr

Le projet état-major des 4 pays sahélo-sahéliens et l’opération Barkhane?

L’opération Barkhane, si je peux me le permettre, n’est rien d’autre qu’un copier-coller du projet d’état-major ou de commandement unique de notre ancien président de la République le général ATT.
Le général s’est battu tant bien dit que mal pour mettre en place un projet semblable pour ne pas dire le même projet, mais malencontreusement comme toujours entre nous les Africains la devise c’est : « Ne jamais s’entendre ni s’unir ».

Il a fallu que la France s’implique pour qu’on puisse trouver un terrain d’entente afin de mettre sur place un dérivé du projet d’ATT. Pis, l’opération Barkhane couvrira 5 pays : la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad . En plus de ces 5 pays, l’opération Barkhane sera en partenariat avec l’Algérie.

Je me demande toujours comment la France a-t-elle réussi un tel projet là où notre le général ATT échoua. Et pourtant, il est un fils de la terre commune (l’Afrique de l’Ouest), et de surcroît pas n’importe lequel, car il était le président d’un Etat souverain, et de plus un ancien général 4 étoiles d’une armée. La question est de savoir si nous allons toujours rester sous le joug de l’ex-métropole.

L’Afrique mon Afrique, une vraie recolonisation. L’ébahissement est de taille, car l’opération Barkhane s’étend sur un rayon plus large que ce qu’avait voulu le général ATT.

Si longue soit la nuit, le jour va se lever

Le temps commence à donner raison au général ATT dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-sahélienne.

Washington DC, le 28-07-2014
Issa Balla Moussa Sangaré


16 juillet 2014 : le Mali se fait tirer à hue et à dia

Drapeau du Mali, crédit photo: flagartist.com
Drapeau du Mali, crédit photo: flagartist.com

Retenez bien cette date ‘le 16 juillet 2014’ car elle risque d’entrer dans les annales de l’histoire du Mali.

En ce mercredi 16 juillet 2014, le Mali se fait tirer à hue et à dia, par la France, l’Algérie et par les groupes rebelles du Nord-Mali.

Par les groupes armés

En effet, c’est aujourd’hui dans la capitale algérienne que les pourparlers inclusifs intermaliens ont lieu entre le gouvernement central de Bamako et les groupes rebelles du Nord à savoir : le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), le HCUA (Haut Conseil unifié de l’Azawad) et le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad). Il faut impérativement souligner que ces groupes armés représentent tout sauf la population du nord du Mali, ils ne représentent qu’eux-mêmes.

Par l’Algérie

Après Ouaga I et II dans la capitale du Faso pour le dialogue intermalien, l’Algérie vient d’accaparer le dossier malien jusque-là dans la main du président du Burkina Faso Blaise Comparé, médiateur de la crise malienne désigné par la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Ce sommet qui s’ouvre aujourd’hui à Alger prendra surement la désignation d’Alger II, car pour rappel c’est chez Bouteflika que l’Etat du Mali avait trouvé en 2006 un accord dénommé « Accord d’Alger » avec les groupes rebelles du nord-Mali.

Par la France

La signature de l’accord de défense entre la France et le Mali a lieu ce mercredi 16 juillet 2014, sauf rebondissement de dernière minute. Après le report du 20 janvier et celle du 25 mai 2014, le gouvernement du Mali a finalement trouvé une date qui convienne aux deux parties. Il faut également reconnaître que ce n’est pas fortuit le choix de cette date. Etant donné que tous les regards et attentions seront pointés sur Alger, le gouvernement du Mali et la France vont parapher en catimini un accord de défense. L’Etat du Mali n’a pas jugé nécessaire de faire passer le squelette de cet accord devant les élus de la nation et il sera contresigné par les deux parties étant donné son contenu est un total mystère pour la population.

Dire que c’est le Mali de Modibo Keita qui se fait tirer à hue et à dia

« Nos descendants ont des droits sur nous »

Washington DC, le 16-07-2014
Issa Balla Moussa Sangaré


Mali : futurs pourparlers avec les rebelles, attention aux terminologies !!!!

Coat of arms of Mali,via wikipedia
Coat of arms of Mali,via wikipedia

Après l’échec la proclamation d’indépendance de la République chimérique d’Azawad en 2012, les rebelles du MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) avaient jeté leur dévolu sur l’autodétermination. Constatant un autre revers à l’horizon, le MNLA avec leurs acolytes aspirent au fédéralisme. En effet, dans un article intitulé ‘Mali : Non à la décentralisation, Oui au fédéralisme’ publié par le quotidien Jeune Afrique du 24 juin 2014, le chargé de communication du MLNA, Attaye Ag Mohamed affirme : « Dans un Mali territorial, il faut un système fédéral sur la base de deux Etats établis suivant le schéma politique et historique du conflit. La fédération du Mali devra comporter deux Etats principaux qui seront l’Azawad et le Maliba avec la capitale fédérale à Mopti. »

A l’aube des futures négociations entre le gouvernement du Mali et les rebelles du nord qui, se tiendront dans la capitale Algérienne le 16 juillet 2014, il y a lieu d’élucider certaines terminologies qui ont une tendance récurrente depuis le début de la crise septentrionale à nos jours. Il s’agit des termes suivants : l’auto-détermination, la décentralisation poussée, le fédéralisme.

L’auto-détermination : le concept d’autodétermination s’oppose à celui d’intégrité territoriale et c’est l’autodétermination qui engendre l’indépendance.

La lutte d’indépendance des récents états Erythrée (1993), Kosovo (2008) et Soudan du Sud (2011) avait commencé par les mêmes aspirations : ‘ l’autodétermination’. Alors qu’est ce que l’autodétermination ? L’autodétermination initialement appelée droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, est le principe issu du droit international selon lequel chaque peuple dispose d’un choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique, indépendamment de toute influence étrangère. Il s’agit d’un droit collectif qui ne peut être mis en œuvre qu’au niveau d’un peuple. Selon Rfi, le mouvement d’autodétermination fut très sollicité après la seconde guerre mondiale car bon nombre de pays et de peuples étaient encore sous la dépendance coloniale. Au vu de ce mouvement, c’est ainsi que le 14 décembre 1960, Assemblée générale de l’ONU (Organisation des Nations Unies) vota la Résolution 1514 (XV), dite « Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ». Les points à retenir de la résolution 1514 (XV) sont : 1-l’indépendance et la souveraineté, 2-libre association avec un État indépendant.

Qu’est ce que le fédéralisme ?

Le fédéralisme est un système d’organisation, d’administration et de gouvernement dans lequel l’État est organisé en fédération et partage avec les États fédérés les diverses compétences constitutionnelles : législatives, juridictionnelles et administratives. Un Etat fédéral peut être constitué par deux logiques verticales : Ascendante et descendante. La manière ascendante est que des États unitaires vont créer, par le biais d’une constitution, un État qui leur est supérieur, l’État fédéral (fédéralisme par agrégation). La façon descendante est qu’un État unitaire va se scinder en plusieurs entités fédérées (fédéralisme par désagrégation).

Que dit la constitution de la République du Mali à propos du fédéralisme ?

Elle stipule en son article 117 : La République du Mali peut conclure avec tout Etat africain des accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine. Le fédéralisme par la manière ascendante esquissé ci-haut est prévenu par la constitution de février 1992.
Le fédéralisme par la façon descendante qui est qu’un État unitaire se scinde en plusieurs entités fédérées, celle réclamé par le MNLA est et sera une violation de notre constitution, en un mot un enfreint de la constitution de février 1992 de la République du Mali.

Décentralisation poussée

Il existe également une différence entre le fédéralisme et la décentralisation, même si la décentralisation poussée est appliquée par certains Etats, avec un fonctionnement semblable à celui d’une fédération. La différence entre un État (unitaire) fortement décentralisé, et un État fédéral tient dans la source du pouvoir : dans un État décentralisé, il est délégué par l’État aux régions par une loi (il peut donc théoriquement le leur reprendre), tandis que dans un État fédéral, elle est prévue par une constitution et ne peut être modifiée facilement.

Que nos autorités fassent attention dans l’application des terminologies dans les futurs accords avec nos frères égarés, car l’avenir et le devenir de notre nation en dépendront.

À qui de droit.

Washington DC, le 14-07-2014
Issa Balla Moussa Sangaré

Bibliographie :
La constitution de février 1992 de la République du Mali

Websites :
www.jeuneafrique.com
www.larousse.com
www.rfi.fr
www.wikipedia.org


L’opposition Malienne

« Les partis politiques se sont mis à plat ventre devant un seul homme » nous disait vers la fin du régime du général d’ATT, Daniel Tessougué l’actuel procureur général près de la Cour d’Appel de Bamako. Il faut également reconnaitre que nos politiques de ces deux dernières décennies ont failli à presque tous les niveaux. Y inclus ma modeste personne, la classe politique malienne vers la fin du mandat d’ATT, avait été traitée par les tous maux d’Israël singulièrement par la société civile. Cela peut s’expliquer par beaucoup de choses : la gabegie qui, avait atteint son summum, la délinquance financière avait également touché son paroxysme avec des fonctionnaires milliardaires, l’école qui formait tout sauf des intellectuels, des chômeurs en puissance, une armée non républicaine et politisée etc. Par ailleurs, Il faut aussi souligner que ces maux esquissés ci-haut ne peuvent pas exclusivement être au débit de nos politiques, la societe civile à sa part de responsabilité dedans car, la classe politique et la société civile vont de pair.

Modibo Sidibe (FARE) et Soumaila Cisse (URD), credit: maliweb.net
Modibo Sidibe (FARE) et Soumaila Cisse (URD), credit: maliweb.net

Une Opposition constructive, républicaine et démocratique

Au lendemain de l’élection présidentielle de septembre 2013, M. Soumaila Cissé de l’URD (Union pour la République et la Démocratie), candidat malheureux au second tour avait laissé entendre que son parti n’entrera pas au gouvernement. Il a clairement dit qu’il ira dans l’opposition. Il a été suivi par M. Tiebilé Dramé du PARENA (Parti pour la Renaissance Nationale) et de M. Modibo Sidibé du FARE Aw Ka Wuli (Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence). Après tout, si ces hommes politiques décident d’aller dans l’opposition, à mon humble avis ils méritent ce crédit. Nous, la société civile, leurs doit ce crédit dans le but d’équilibrer leurs bilans individuels ou consolidés. Cette opposition, se veut constructive, républicaine et démocratique. Pendant les 10 ans du régime d’ATT, c’était la démocratie consensuelle sans opposition, et cet acte est resté à travers la gorge de la population malienne qui, leur rend responsables de la chute de notre Etat, le Pr Seydou Badian Kouyaté nous disait : « Le Mali est tombé plus bas que la terre». Maintenant, si ces mêmes politiques décident de se mettre debout au lieu de se mettre à plat ventre comme un seul homme, un contre-pouvoir et d’aller dans l’opposition, je trouve personnellement cela comme un acte à apprécier pour la consolidation des acquis de notre jeune démocratie, ils méritent ce crédit cette opposition Malienne.

La motion de censure

La constitution de février 1992 de la République du Mali, stipule à son l’article 78, alinéa 2 : l’Assemblée Nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de censure. L’article de 79 de la même constitution dit : Lorsque l’Assemblée Nationale adopte une motion de censure ou lorsqu’elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du Gouvernement.
Nous les observateurs, on trouve qu’il y a eu une précocité dans le dépôt de cette motion de censure. Les raisons pour solidifier la motion de censure était : la cherté de la vie, l’insécurité grandissante dans Bamako et les autres régions, la mauvaise gouvernance, la mauvaise gestion des finances publiques, la lenteur pour une sortie de crise pour le problème septentrional etc.
Il est évident que l’Etat est une continuité, qu’en est-il d’un Premier Ministre et son équipe gouvernementale ? Du 5 avril 2014, la date de la nomination M. Moussa Mara à la tête de la primature au 13 juin 2014 date du dépôt de la motion de censure, on s’interroge si l’opposition Malienne n’a pas été un peu hâtive dans le dépôt de cette motion de censure. Hâtive en ce sens qu’on ne peut pas, en un seul trimestre, mettre tous les problèmes que la nation Malienne fait face dans le débit du Premier Ministre et son gouvernement. N’oublions pas que le pays sort à peine d’une crise institutionnelle, sociopolitique sans précédente et le tissu social était complètement déchiré.
Certes, il est évident qu’en trois mois le Premier Ministre et son gouvernement pouvaient faire mieux, mais dressé un bilan définitif en un trimestre est un peu précoce. Prenons l’entreprise comme une métaphore, et dans la vie d’une entreprise, on établit des bilans trimestriels, semestriels pour connaitre le fonctionnement de la boite et prendre des mesures appropriés au fur et mesure. Le bilan définitif n’est établit qu’après un exercice fiscal qui est une année. En un trimestre, M. Moussa Mara et son gouvernement ne peuvent pas être tenus responsable de tous les maux qui minent notre société, donnons le temps au temps.

L’accord de défense

On constate que l’opposition Malienne prend le soin de passer sous silence, pour ne pas dire d’éviter de donner son point de vue sur la signature imminente de l’accord de défense entre la France et le Mali. Le Collectif Pour le Changement (CPC), l’ancien premier ministre Ag Hamani et beaucoup d’autres personnalités, partis politiques et associations ont tous fait connaitre à l’opinion nationale et internationale ce qu’ils pensent de cette signature d’accord de défense entre la France et le Mali. Qu’en est-il de l’opposition républicaine Malienne ? On pense qu’il est temps qu’ils sortent de leur mutisme à propos cet accord, qu’ils nous fassent savoir si le draft de cet accord doit passer devant les élus de la nation pour un débat parlementaire avant qu’il ne soit paraphé par les deux parties ? Enfin qu’ils nous disent s’ils sont pour ou contre ?

Une contribution de
Issa Balla Moussa Sangaré
Washington DC, 07-07-2014


Mali : je pleure Modibo Keita

Modibo Keita, crédit photo: histoireafricaine.com
Modibo Keita, crédit photo: histoireafricaine.com

Aux abords du Ba Djoliba (le fleuve Niger), de l’Est à l’Ouest, entre pont de Sotuba et le pont Roi Fahd tout en passant le pont des Martyrs, et du Nord au Sud entre la colline du savoir et celle du pouvoir, je trempe ma plume dans l’eau du Ba Djoliba pour décrire mes larmes pour Modibo Keita, premier président de la république du Mali.

Avec les récents reports de décaissement de fonds pour le compte du Mali par les institutions de Bretton Woods, notamment le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), je n’ai pu m’empêcher de me rappeler des propos Modibo Keita qui disait : « Notre liberté sera un mot vide de sens, si nous devrions toujours déprendre financièrement de tel ou tel pays.» C’est ainsi que mes larmes se sont mises à couler, car ce visionnaire hors normes, qui était doté d’une capacité d’analyse hors commun avait tout dit avant de s’éteindre.

Je pleure Modibo Keita, ce patriote né qui, avec ses élites nous conduisant à l’indépendance.

Je pleure Modibo Keita, cet érudit avec un sens élevé du devoir.

Je pleure Modibo Keita, ce panafricaniste convaincu, de renommée anoblie, qui envoyant 150 soldats maliens pour épauler l’Algérie dans sa guerre d’indépendance. Et ces militaires ne furent rappelés au Mali qu’après la proclamation l’indépendance Algérienne. En constatant la position de l’Algérie de 2012 à nos jours dans la crise septentrionale du Mali, mes larmes continuent de couler.

Je pleure Modibo Keita, ce grand facilitateur des crises inter-états. Le 29 et 30 octobre 1963 à Bamako, Modibo Keita reçoit le roi Hassan II du Maroc et le président Algérien Ben Bella, et facilite la signature d’un cessez-le-feu pour mettre fin à la « guerre des sables » (conflit frontalier entre l’Algérie et le Maroc). Avant l’intervention de Modibo Keita, il y avait eu plusieurs tentatives de négociation sans succès entre l’Algérie et le Maroc à savoir : celle du président tunisien, Habib Bourguiba, celle de l’empereur éthiopien Hailé Sélassié etc.

Je pleure Modibo Keita, ce nationaliste né, qui disait : « Nous avons fait, à la naissance de l’US-R.D.A (Union Soudanaise- Rassemblement Démocratique Africain), le serment de donner, s’il le fallait, notre vie à notre pays, notre Parti. Il est clair que donner sa vie, c’est aussi, accepter l’ultime sacrifice. » Si seulement si, nos leaders des partis politiques (plus de 150 partis) pouvaient faire tel serment au sein de leurs partis, il est fort évident qu’on aura d’autre types de politiques, des ‘Maliens Kura’ (des maliens de genre nouveau).

Je pleure Modibo Keita, à l’aube de la signature d’un accord de défense entre la France et le Mali. Ce nationaliste combatif qui, le 20 janvier 1961 convoqua dans la salle du Conseil des ministres de Koulouba l’ensemble des corps diplomatiques devant lesquels y compris l’ambassade de France. Il s’adressa au pouvoir français à travers son ambassadeur pour évacuer les troupes françaises du territoire malien. C’est la commémoration de ce discours de notre premier président prononcé devant les corps diplomatiques le 20 janvier 1961 que nous célébrons comme fête de l’armée.

Modibo Keita, crédit photo: afribone.com
Modibo Keita, crédit photo: afribone.com

Je pleure Modibo Keita et son armée face à la signature d’un accord de défense entre la France et le Mali. Le 5 septembre 1961 après la descente du drapeau colonial français, le dernier le soldat français quitta le Mali. Et c’est ce même jour à la base aérienne de Bamako que le général Soumaré (premier chef d’Etat-major de l’armée malienne et premier St Cyrien de l’Afrique de l’ouest) commanda à son tour la montée du drapeau malien pour l’éternité; moment de joie et de fierté.

Je pleure Modibo Keita, celui qui fait partie des rédacteurs de la charte de l’OUA (Organisation pour l’Unité Africaine) l’ancêtre de l’UA (Union Africaine).

Je pleure Modibo Keita, ce visionnaire hors normes qui rêvait des Etats Unis d’Afrique. La balkanisation de l’Afrique était le souci premier de Modibo Keita. Pour lui, il fallait faire l’unité africaine et former ainsi une grande entité face à l’Europe impérialiste et l’Amérique capitaliste.

J’essaie d’imagine la douleur de nos doyens encore vivants, mais malencontreusement cette imagination ne saurait ressentir ce qu’ils portent sur le cœur, il s’agit: du Pr Seydou Badian Kouyaté, auteur de sous l’orage et de l’hymne national du Mali, du Pr Bakary Kamian, en son temps censeur de l’unique lycée de Bamako « Terrasson de Fougère », aujourd’hui lycée « Askia Mohamed », du Pr Sididjé Traore, premier député de Goudam, et l’eternel compagnon de Modibo Keita Amadou Djicoroni pour ne citer quelques uns.

Sur les épaules de qui vais-je continuer à pleurer ? Sur celles de nos actuels politiques ? Non, car ils ont déjà trahie la mémoire de nos pères fondateurs. Sur celles de cette relève politique ? Non, car ils apparaissent déjà formatés par ce système mafieux en forme de spirale. De celles ma génération ? Non, tout sauf ça. Une génération perdue, sans repère. Sur celles de mes cadets ? Non, n’en parlons même pas d’eux. Une génération sacrifiée au profit de la télé, de l’internet et les réseaux sociaux par le narcissisme de Facebook et d’Instagram.

Nos descendants ont des droits sur nous

Je le dis et réitère, nos descendants ont des droits sur nous. Je suis convaincu que Modibo et ses compagnons étaient aminés par cette volonté, la volonté de léguer à leurs descendants une nation à part entière et non une république bananière.

« Jeunes du Mali, le Mali ne sera que ce vous en feriez» dixit Modibo Keita. Il faut des confrontations d’avis divers et même convergents pour arriver à des sorties de crise, à des propositions objectives. Il appartient désormais, à tous les maliens de tous les bords, du nord comme celles du Sud, l’intelligentsia des politiques, de la société civile, de la diaspora de conjuguer leur force, leur savoir-faire, leurs relations afin trouver une solution pour une paix durable, la quiétude et la cohésion nationale tant attendue.

Tous les feux sont en oranges, et bientôt ils seront en rouges. Avant que cela ne fasse, il est temps que nous fassions quelque chose, sinon nous seront devant Dieu et les hommes, rappelés par l’histoire et nos descendants.

Washington DC, le 30-06-2014
Issa Balla Moussa Sangaré


Mali : ma réflexion sur le Premier ministre M. Moussa Mara

De l’achat du nouvel avion présidentiel, en passant par la nomination de M. Moussa Mara à la tête de la primature et les récents événements de Kidal, voici ma part de réflexion.

Le PM Moussa Mara, crédit photo: maliweb.net
Le PM Moussa Mara, crédit photo: maliweb.net

La nomination de M. Moussa Mara à la tête de la primature

Ce soir là, il fallait être un adepte des réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter pour pouvoir contempler l’euphorie suscitée chez les Maliens après la nomination de M. Moussa Mara à la tete du gouvernement du Mali. Il faut également reconnaître que la logique politique aurait voulu un chef du gouvernement issu du parti présidentiel qui est le RPM (Rassemblement Pour le Mali), car M. Moussa Mara est le président du parti Yelema et avec un seul député à l’Assemblée Nationale. Malgré cette incohérence politique, la jeunesse malienne, y compris par ma modeste personne, fut enchantée de la désignation de ce jeune expert comptable comme Premier ministre, qui n’est d’ailleurs plus a présenté sur la scène politique. Ancien maire de la commune IV de Bamako, c’est ce natif de la capitale malienne qui avait mis en ballottage lors des législatives de 2004 l’actuel président M. IBK.

Premier constat : loyauté au président de la République

Tout juste après sa nomination au poste de Premier ministre, nous avons été ébahis par les propos M. Moussa Mara, qui demanda à plusieurs reprises « loyauté au président de la République » et non au pays ou à l’Etat. A mon humble avis, les membres du gouvernement doivent d’abord être loyaux à la nation et cela malgré qu’ils soient au service du président de la République. Je me disais également que le Premier ministre voulait mettre en œuvre des mesures de sincérité et d’honnêteté pour bien servir le pays et le président.

Deuxième constat : la déclaration de guerre

Après la visite ensanglantée et mouvementée du chef du gouvernement à Kidal le 17 mai 2014, M. Moussa Mara avait laissé entendre que : « le Mali est en guerre contre les groupes terroristes et leurs acolytes ». Pour rappel, la délégation gouvernementale avait été attaquée au gouvernorat de Kidal par les groupes armés et terroristes faisant plusieurs morts et blessés. Le chef de file de l’opposition malienne, à savoir M. Soumaila Cissé sur Rfi (Invité Afrique) affirmait, je cite : « Il a manqué de lucidité. On ne déclare pas la guerre à Gao de façon inconstitutionnelle (…) De façon constitutionnelle, le Premier ministre ne peut pas déclarer la guerre. »

Que dit la Constitution à propos de la déclaration de guerre ?

Elle stipule en son article 71 : que la déclaration de guerre est autorisée par l’assemblée nationale réunie spécialement à cet effet. Le président de la République en informe la Nation par un message.

La guerre elle-même étant définie par le dictionnaire comme un conflit armé entre Etats, pays clans… La Constitution n’ayant pas défini la guerre, il revient alors aux constitutionnalistes de nous édifier sur celle-ci.

Troisième constat : L’avion sans papier

Lors de sa déclaration de politique générale devant les élus de la nation, le chef du gouvernement a dit ne pas détenir un seul document qui prouve que l’ancien avion d’ATT est la propriété de l’Etat du Mali. C’était sans compté sur le jeune ingénieur aéronautique Tji Diarra et sur le journal d’investigation Le sphinx. Si le premier s’est arrêté avec une sortie médiatique sur les réseaux sociaux en affirmant que l’ancien avion présidentiel est bel et bien la propriété de l’Etat du Mali, et qu’il était revenu au Mali au mois de février 2012 après avoir passé sept mois à Miami pour une remise à neuf. Le second lui a emboîté le pas en amenant des preuves matérielles : un contrat de vente et d’achat d’aéronef entre Jetline International comme vendeur et l’Etat du Mali comme acheteur avec un certificat de livraison et d’acceptation.
On peut également comprendre que le Premier ministre Moussa Mara ne pouvait se dérober de la question relative à l’achat du nouvel avion présidentiel, car l’Etat étant une continuité. Du haut des ses dizaines d’années d’expérience en tant que expert comptable, c’est difficilement inimaginable que le Premier ministre n’ait pas demandé un audit sur l’acquisition de l’ancien avion acheté sous le régime ATT. Tout laisse à croire qu’on lui a dit que l’ancien avion présidentiel était sans papier mais par qui ?

Il n’est pas un seul car le président IBK dans le Jeune Afrique du 22 mai 2014, avait affirmé concernant la disponibilité de l’avion acquis le régime ATT : « Disponible peut-être, mais hors d’état de voler. Ce 727 a en effet été obtenu dans des conditions d’opacité telles que nous ne disposons d’aucun document ni d’aucune facture le concernant : il semble qu’il aurait transité par la Libye. »
Donc le Premier ministre ne serait pas le seul à donner des informations erronées à la population malienne !

Quatrième constat : l’Etat du Mali, le balayeur balayé

Le président de la République du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keita, dans une ses allocutions au début de son mandait avait laissé entendre que « l’année 2014 serait placée sous le signe de la lutte contre la corruption. » L’état du Mali dans sa lutte contre la corruption, à contre-courant vient d’être épinglé par les institutions de Bretton Woods, particulièrement le FMI (Fonds Monétaire International). En représailles de l’opacité de l’acquisition du nouvel avion présidentiel et des contrats passés sans appel d’offres entre le gouvernement et des sociétés privées, le FMI a décidé de geler pour le compte du mois de juin le décaissement de ses fonds pour le Mali jusqu’au mois de septembre de 2014. Pis, le décaissement pour le mois de septembre prochain est conditionné à un audit préalable par les équipes du FMI d’après l’AFP (Agence France Presse) du 19 juin 2014.
D’apres Tiken Jah Fakoly, c’est le balayeur balayé.

Il ne faudra pas être expert en économie pour savoir qu’il était inopportun dans le temps, la forme et même la manière de l’acquisition de ce nouvel avion présidentiel. Notre pays sort d’une crise sociopolitique sans précédente, les caisses sont vides, l’Etat malien était est toujours sous perfusion internationale.

Conclusion

Cher M. Moussa Mara, Premier ministre et chef du gouvernement du Mali, l’appréciation d’un œil extérieur est souvent nécessaire dans le but d’une réflexion saine et objective. N’étant pas membre du parti Yelema qui est le vôtre, ni d’aucun parti d’ailleurs, je me suis donné une obligation de dresser une petite réflexion objective couronner par mes modestes propositions.

En corollaire, je vous prie de tenir compte des points esquissés ci-dessus, notamment dans le deuxième et troisième constat. S’il s’avère qu’il y a eu des écarts involontaires ou volontaires dans votre conduite de fonction, je pense tout humblement qu’il sera mieux de présenter vos excuses à vos partisans et à la population malienne.
M. Moussa Mara, vous êtes arrivé à la tête de ce gouvernement politiquement clean, et il faudra ressortir comme vous êtes arrivé tout clean également.
Vous devriez vous souciez de votre avenir politique, car il sera trop tôt et de le laisser étancher par quoi que ce soit.
M. le Premier ministre, qui est-ce politique malien pendant ces deux dernières décennies qui n’a pas délibérément ou spontanément dire des propos fallacieux ? Reconnaître son erreur c’est également une grandeur, c’est aussi être un homme.

Vos critiques et suggestions sont les bienvenues.

Une contribution de Issa Balla Moussa Sangaré

Washington DC, le 25-06-2014


Mali : Prison Break

Mohamde Ali Ag WADOUSSENE, Credit: maliweb.net
Mohamde Ali Ag WADOUSSENE, Credit: maliweb.net

Rassurez-vous, ce n’est pas Micheal Scofield et son frère Lincoln Burrows et le tout reste de leur groupe, mais c’est Mohamed Ali Ag Wassouden un Scofield à la malienne avec son groupe qui ont fait un vrai Prison Break. Le lundi 16 juin 2014, un Prison Break s’est déroulé dans la maison centrale d’arrêt de Bamako. Un scénario digne d’un film Hollywoodien. En effet, un jeune touareg de 25 ans, Mohamed Ali Ag Wassouden, le Scofield malien, a su minutieusement préparé son coup pour s’évader avec 23 prisonniers. Huit seront rattrapés et les quinze autres détenus se font toujours la belle dans la nature. Pour rappel, Le Scofield malien est en prison depuis 2011 pour avoir participé au rapt de deux ressortissants français (à Hombori dans le nord du Mali), pour le compte d’Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique).
Selon RFI, le Scofield malien détenait un pistolet automatique dans sa cellule, et c’est avec cette arme qu’il tira à bout portant sur un surveillant de prison qui rendra l’âme peu après à l’hôpital.

Un pays où tout est à refaire chez les porteurs d’uniforme

Au Mali tout est à reformater chez nos forces de l’ordre, de sécurité et de la défense. Comment un détenu peut-il se procurer une arme dans sa cellule ? Comment un supposé terroriste peut-il être enfermé comme un simple prisonnier ? Comment a-t-il pu quitter facilement son cachot pour se retrouver à la grande porte de la prison centrale ? Les surveillants de la maison d’arrêt ne sont-ils pas armés ? Y a-t-il un déficit de personnel ? Ce sont ces questions que le citoyen malien lambda se pose aujourd’hui.

On se rappelle également d’un autre cas plus cinglant, c’est le cas d’un apprenti terroriste pour reprendre les propos de la presse locale Malienne. En 2011, un apprenti terroriste de nationalité Tunisienne est arrêté à Bamako à la suite d’une tentative d’attentat devant l’ambassade de la France au Mali. Avec l’aide de la population il fut arrêté et placé sous le contrôle de la Direction générale de la sécurité d’état (DGSE). Ironie du sort, l’apprenti terroriste parvint à s’évader, et il fut appréhendé jusqu’à l’entrée de Gao (la septième région). Je ne vous raconte pas une histoire, c’est un fait réel. Le jeune Tunisien, l’apprenti terroriste s’était défait de la main de notre sécurité d’état et ces quelques jours plus tard qu’il fut arrêté à l’entrée de Gao. Mon Dieu!!!!
Si un apprenti terroriste parvient à s’évader de la main de la sécurité d’état, quid d’un vrai terroriste ?

Affaire à suivre….

19-06-2014
Issa B.M Sangaré


Agriculture en Afrique : Quand les chefs d’Etats africains ne tiennent pas leurs promesses

« Nous, Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine réunis en la deuxième session ordinaire de notre Conférence du 10 au 12 juillet 2003 à Maputo (…) déclarons notre engagement à redynamiser le secteur agricole, y compris l’élevage, les ressources forestières et les pêcheries par l’introduction de politiques et stratégies spécifiques au profit des petites exploitations traditionnelles des zones rurales (…) ; mettre d’urgence en œuvre le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) et les projets pilotes prévus et les Plans d’action évolutifs pour le développement agricole aux niveaux national, régional et continental. A cette fin, nous convenons d’adopter des politiques saines de développement agricole et rural et d’allouer chaque année au moins 10% de nos budgets nationaux à leur mise en œuvre, dans un délai de cinq ans (…). »

Crise alimentaire, crédit: cms.unige.ch
Crise alimentaire, crédit: cms.unige.ch

11 ans après la conférence de Maputo, seulement 8 sur les 54 pays d’Afrique ont tenu leurs promesses à savoir l’allocation d’au moins 10% de leurs budgets nationaux dans le secteur agricole. Quel déshonneur ? Quelle catastrophe ? Quel manque de volonté ? Quel crime ? Face à l’avancée exponentielle du dessert et la croissance de la famine dans les pays africains, je qualifie ce manque de volonté de nos décideurs politiques comme un crime contre l’humanité. Oui un crime contre l’humanité, combien d’enfants meurent en Afrique par an à cause de la famine, de la malnutrition et de la disette des denrées de la première nécessité, qu’en est-il de la disparition des bovins sahéliens par la de faim et la soif, l’érosion hydraulique etc.

L’autosuffisance alimentaire un préalable pour le développement

Agriculture, crédit photo: lavoixdugolf.net
Agriculture, crédit photo: lavoixdugolf.net

A l’occasion du le 10e anniversaire du lancement du Comprehensive Africa Agriculture Development Programme (CAADP) à Addis-Abeba, Carlos Lopes, secrétaire général adjoint de l’ONU et secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) a dit que : « L’Afrique n’est toujours pas parvenue à l’autosuffisance, alors que la Chine et l’Inde, qui disposent de 3 à 6 fois moins de surfaces cultivables disponibles, y sont arrivées. » quel contraste ? Le continent noir a besoin d’une révolution verte pour ne pas dire la révolution agricole comme celle des autres continents : l’Amérique, l’Europe et même l’Asie. La chine et l’Inde par la révolution verte sont parvenues à une autosuffisance alimentaire alors pourquoi pas nous l’Afrique noire. L’autosuffisance alimentaire un préalable pour le développement d’un continent, et même pour la mise en place d’une bonne démocratie. Sinon comment peut on demander à quelqu’un qui ne sait pas de quoi se mourir demain de protester pacifiquement contre décision politique, en un mot de faire une opposition politique contre un régime.
Dans mon pays natal le Mali, 7,2% du budget national était accordé au secteur agricole en 2013. Lors du lancement de la campagne agricole de 2014, le président de la république M. Ibrahim Boubacar Keita a promu d’allouer 15% du budget national au secteur agricole. Une initiative à saluer mais d’après les anglais ‘Wait and See’

Quid des responsables de ce retard qu’accuse l’Afrique sur la sécurité alimentaire ?

Le 13 janvier 1984, Ernest Stern, vice-président senior de la Banque Mondiale, dans un symposium sur l’agriculture, reconnaissait : « Tout comme les autres donateurs, je pense qu’il est honnête de dire que, parmi toutes nos réalisations, nous avons échoué en Afrique. Nous n’avons pas bien compris les problèmes ; n’avons pas identifié les priorités ; nous n’avons pas toujours conçu nos projets pour les adapter à la fois aux conditions agro-climatiques et aux structures sociales, culturelles et politiques de l’Afrique … Nous, et tous les autres, sommes encore dans l’incertitude au sujet de ce qui peut être fait pour l’agriculture de l’Afrique. » Apres avoir lu cet aveu, on peut comprendre en partie pourquoi les Aides au Développement ont échoué en Afrique.

Ceci dit, il est toujours facile d’indexer une personne physique ou morale pour une faute, et nous-mêmes les fils du continent noir, sommes nous aussi comptables de ce retard qu’accuse l’Afrique sur le plan de la sécurité alimentaire ? La réponse est oui, nous sommes aussi responsables et au même titre que les autres.

J’accuse la majorité des dirigeants africains d’avoir d’abord profité des privilèges du pouvoir, en vivant largement au dessus des ressources du pays. Que nos élites renoncent aux avantages et dépenses somptuaires dans les capitales et les grandes villes au profit d’une révolution verte pour le devenir de la terre commune qui est l’Afrique.

Dans les années 60s, l’Asie était dans une situation semblable à celle de l’Afrique actuelle, mais la révolution verte a eu lieu et elle est parvenue à une autosuffisance alimentaire. Une secousse politique animée d’une une bonne volonté politique pourra bouleverser la tendance comme en Asie.
Une autre Afrique est possible.

« Nos descendants ont des droits sur nous »

Washington DC, le 11-06-2014
Issa B.M. Sangaré